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mardi 23 décembre 2008

Savoir qui l'on est

Ah, la crise identitaire... Ce n'est un secret pour personne : les Québécois sont en crise existentielle depuis des décennies. On en a eu encore une belle preuve il y a quelques jours.

Amir Khadir, seul député élu de Québec Solidaire aux élections du 8 décembre dernier, semble lui-même aux prises avec un problème d'identité. Le codirigeant du parti avec Françoise David participait il y a quelques jours à une manifestation anti-Bush au cours de laquelle il se permettait d'infliger à une effigie du président sortant des États-Unis une savate à faire rougir de jalousie Larry Moquin ou la famille Rougeau. (Vous me direz que Khadir n'est pas le premier à vouloir faire sentir ses fonds de semelles à Bush depuis quelque temps, mais il est sûrement la plus grosse pointure à l'avoir fait.)

Le problème, c'est que Khadir ne semble pas savoir que depuis le début du mois, on lui a confié un rôle de député. Une partie de la population l'a élu, lui a fait confiance parce qu'elle croit en ses capacités de représentant du peuple. Or, est-ce bien le rôle d'un élu en politique de lancer ses chaussures à l'endroit d'un collègue politicien, ne fût-ce qu'à un poster de ce dernier? Khadir devrait savoir que depuis le 8 décembre, il est imparti du rôle de donner de la crédibilité à un parti qui, à mes yeux, en a bien besoin. Imaginez le tollé dont on aurait été témoin dans les médias si c'eût été le mal-aimé Mario Dumont plutôt que le Robin-des-Bois de l'Assemblée nationale qui avait décidé de se déchausser devant Bush...

Amir Khadir n'est plus qu'un simple militant; il est maintenant un politicien officiel, confirmé. Il devra savoir se contrôler, se montrer plus posé - ce qui ne l'empêche absolument pas d'afficher toute la passion qui l'anime. Il y a quelques années, un enseignant du collégial - même pas un politicien, un simple enseignant - avait subi des remontrances pour avoir utilisé l'image de Jean Charest comme tapis à l'entrée de son local de cours.

Heureusement pour Khadir, les médias n'ont rien à battre de ses frasques à ce temps-ci de l'année, trop occupés à vanter les spéciaux chez Léon et à annoncer les émissions du soir du Jour de l'An.

SL

mercredi 17 décembre 2008

Flammèche : Denrées périssables

Les Fêtes approchent à grand pas et les pauvres, espérons-le, seront inondés de la bouffe que nous leur acheminons chaque année, question de nous donner bonne conscience.


De mon côté, à part le rétablissement total et rapide de ma mère, je ne demande pas grand-chose.


... mais je ne suis pas mieux qu'un autre : moi aussi, je veux des cadeaux. En fait, je cherche des denrées périssables. Périssables parce qu'elles ne durent pas sur les tablettes de l'épicerie Métro que je fréquente trop de fois chaque semaine.


Je parle des Oréo d'hiver, ces petites merveilles enrobées de chocolat blanc qui sont aux diabétiques ce que l'Afghanistan est aux soldats canadiens. (Bon, j'avoue, ce n'est peut-être même pas du chocolat, c'est sans doute une concoction des plus nocives qui passe les douanes en sourdine, moyennant quelques dollars bien placés dans les poches des bonzes de Santé Canada. Peu importe.)


J'en cherche. Je le dis ouvertement sur ce blogue : dites-moi où je peux en trouver. Il y a eu une razzia à mon Métro et ces denrées périssables (quoique c'est fou ce que ce faux chocolat blanc doit présenter comme capacité à bloquer l'accès aux champignons et aux bactéries, donc périssables, jusqu'à quel point le sont-elles?) sont plus dures à acquérir que les Versets sataniques de Rushdie dans une librairie iranienne.


Ceci est officiellement une mise à prix : soyez aux aguets et rapportez tout indice pouvant m'aider à me procurer des Oréo d'hiver, ces petites raretés qui n'apparaissent (trop momentanément) sur les tablettes que dans le temps des Fêtes. Je suis prêt à payer une forte commission à quiconque saura bien me diriger.


Et ne jouez pas les plus fins : ne me faites pas déplacer inutilement dans une épicerie moribonde pour mieux faire vous-même un raid là où ça paye. Vous préférez me compter parmi vos amis que parmi vos ennemis. Et si vous n'êtes pas mon ami, vous êtes mon ennemi : Bush l'a déjà dit.


Bref, je répète : Recherche emballages nombreux d'Oréo d'hiver, ces denrées malheureusement périssables (non pas en raison de leur nature de biscuits saturés de sucre au point de donner la nausée même aux microbes qui vous parasitent les dents, mais bien en raison de leur propension à disparaître (trop) rapidement des tablettes des épiceries). Récompense promise.


10-4. La mission est lancée.


SL



vendredi 12 décembre 2008

Phagocytose

« Life's a bitch », chantait le groupe Nas' en 1994. Vous vous rappelez que dans mon dernier billet je disais que la vie recèle une puissance hypocrite? Jusque-là, c'était une blague un peu cynique, à peine sentie.

Cette puissance est bien palpable et a déferlé sur ma famille hier. Le verdict est tombé : cancer des ovaires pour ma tendre mère. On lui a ablaté une masse de chair presque aussi grosse que mon bébé de deux semaines, une indésirable qui avait décidé de lui squatter la région pelvienne.

D'abord c'est l'incrédulité, jusqu'à ce qu'on se rende compte qu'à l'autre bout du fil, il n'y a pas de blague possible; pas sur ce sujet-là. Quand mon père blague, il ne pleure pas. Puis la violence - le mur de ma cuisine portera désormais la cicatrice de ma révolte. Parce que c'est la révolte qui m'a animé pendant plusieurs minutes. C'est la révolte qui m'a fait souhaiter pouvoir, comme John Coffey dans The Green Mile, puiser en ma mère cette merde qui lui a enflé le bas-ventre puis l'inoculer dans les autres, ces autres qui vivent jusqu'à 90 ans même s'ils ont mené une vie d'enfants de chienne, même s'ils ont fait passer le diable pour un des petits chanteurs de la chorale de Gregory Charles.

On a beau frapper - même quand le Canadien marque le premier but contre Tampa Bay -, on a beau sacrer en espérant en écorcher Un, là-haut, s'il y en a un que la tempête ne fait pas fuir, c'est le chagrin, qui vous attend juste à l'entrée de la ruelle la plus sombre pour vous flanquer le poing des poings dans le ventre, à vous en faire monter les larmes aux yeux.

***

Au bout d'un moment, on ne sait plus à qui s'en prendre, puis on comprend que c'est à la vie elle-même de prendre le blâme. Ce matin, quelque quinze heures après le poing dans le mur, dans le ventre, dans le monde, je déambulais sur la passerelle qui me fait traverser du bureau vers la cafétéria. Je m'imaginais minus, plus petit encore que ma petite-affaire-qui-ne-chigne-pas-tant-que-ça à la maison. Je me disais qu'aux yeux de la Plus Haute Instance - l'« oeil dans le ciel », comme la désignait Alan Parsons -, nous sommes sans doute tous des êtres sans but véritable; des insectes qui se dirigent d'un point A vers un point B, question d'occuper le temps en attendant de basculer dans l'oubli. Je me voyais presque d'en haut, ayant quitté mon bureau, la tête entre deux préoccupations, traversant la passerelle presque symboliquement. J'ai pensé à Sartre, à Beckett, à Ionesco.

Puis je me suis rappelé ce qu'un collègue m'a confié le mois dernier, quand j'en étais encore aux angoisses prénatales : « Ton enfant va donner un sens à tout ce que tu fais. Tu vas comprendre soudainement pourquoi tu fais les choses ».

J'espère que ma mère pense comme ça; qu'elle se dit depuis 34 ans que ses enfants donnent un sens à ce qu'elle fait. Parce que ce qu'elle aura à faire, dès le mois prochain, revêt tout le sens au monde pour moi, pour mon frère, pour son mari des 36 dernières années, pour mon adorable C. et notre petite fille. Le mot me fait peur, et je sais qu'il fait aussi peur à ma mère, sans doute, parce que c'est d'elle que je tiens cette sensibilité à la langue. Chimio. Voyez, je ne réussis même pas à l'écrire au complet.

Les cellules sont avides et opportunistes. Elles se gobent les unes les autres afin de prendre de l'expansion, de gagner en force. Ma petite-affaire-qui-chigne-parfois est sur le point d'avaler ma blonde au complet tellement elle boit. (Si elle me dit un jour qu'elle est allergique aux produits laitiers, je refuserai de la croire.) Les cellules qui parasitaient ma mère depuis je ne sais combien de mois ont travaillé en équipe, se sont unies les unes aux autres comme certains grévistes de Vidéotron il y a quelques années : unis pour mettre la marde.

Des fois la vie a simplement besoin du plus magistral des coups de pied dans les couilles. Ça tombe bien, je n'ai plus l'occasion d'enfiler mes bottes de neige depuis que j'ai confié le déneigement de mon entrée à un entrepreneur.

L'humain aussi est une créature avide. Ma fille apprendra très tôt que la famille est également une cellule affamée. Et chez nous, on compte depuis deux semaines une mini-cellule de plus, qui va insuffler à ma mère une énergie supplémentaire. Chez nous, on ajoute des cellules, on n'en retranche pas; les uns se nourrissent de l'énergie des autres. Chacun se laisse phagocyter par le noyau. Il est déjà gros, il grandit et gagne en force d'heure en heure, depuis hier. Les appuis affluent de partout. La vie devra tenir compte de ça : quand on joue les salopes, on s'attire des leçons.



« It's times like these you learn to live again
It's times like these you give and give again
It's times like these you learn to love again
It's times like these, time and time again »

- Foo Fighters, « Times like these »

SL

jeudi 4 décembre 2008

Nouvelle vie ou Coming-out d'un condamné à mort


« Il n'y a aucun remède contre la naissance et
la mort, sinon de profiter de la période qui les sépare. »
- George Santayana,
Soliloques en Angleterre -


Il y a 9 jours, je suis devenu père. Pour la première fois. J'essaie encore de sortir de mon corps, de faire un voyage astral, pour m'observer d'en haut, question de voir à quoi ça ressemble. On dirait que la petite chose qui est entrée dans ma vie (et sur mon prochain rapport d'impôt) ne m'appartient pas, a été parachutée dans ma maison sans que je m'en rende compte. Je me lève chaque matin, depuis le 25 novembre, en me disant : « Hé... quelqu'un a mis deux bras qui bougent dans la chambre d'à côté! »

Le 13 mars dernier, j'écrivais sur la nécessité d'avoir la vocation (au lieu des dollars proposés par l'ADQ) pour décider de faire des enfants (à l'époque j'aurais dû écrire « commettre des enfants »). Car, pour ce faire, il faut la vocation ou un fichu coup de main de la vie (ou du destin, selon vos allégeances ésotériques) : mon adorable C. et moi avons ri un bon coup en constatant que c'est ce texte qui figurait en tête de mon blogue au moment où elle m'apprenait, dans un scénario des moins hollywoodiens, que le test était positif. La vie, et toute la puissance secrète (ou hypocrite, c'est selon) qu'elle recèle, s'était chargée de nous flanquer à la figure notre tendance à tergiverser; comme si quelqu'un avait décidé de nous donner une leçon : « Mais oui, vous êtes prêts à avoir un bébé; à preuve, vous en avez une en chemin, une petite affaire qui chigne ».

Au fil des derniers mois, mon adorable C. et moi avons appris à anticiper ce qui se profilait à l'horizon. Aucun détail n'a été oublié - de toute façon, plusieurs amis et connaissances cyniquement altruistes (ou sadiques, c'est selon) se sont assurés de nous brosser un portrait réaliste de la sentence à venir : plus de vie sexuelle, plus de temps libres, plus de sommeil, dépendance TOTALE de la petite affaire qui chigne, fatigue extrême, perte d'appétit, cessation des projets personnels, voire disparition de toute faculté intellectuelle, chute de tout profit dans nos placements financiers, et même perte des amygdales (si on les a encore). Je soupçonne la crise économique qui affecte le monde entier d'être la faute des nouveaux-nés : après tout, une livre de couches coûte plus cher qu'un litre d'essence. Et toutes ces catastrophes climatiques qui raflent les Antilles de plus en plus fréquemment, ces dernières années, vous croyez que ça n'a rien à voir avec le baby-boom? On a péroré sur le caractère néfaste des flatulences de vaches, mais à quand la première thèse de doctorat sur l'indice de catastrophe naturelle provoquée par la prolifération des poupons? Il y a des conséquences à tous ces ébats amoureux qui remuent la Terre...

Puis l'angoisse devient plurielle (et ubiquitaire - elle apparaît partout à la fois, comme Dieu et le Père Noël) : mon adorable C. s'en fait autant sinon plus pour le poupon à venir lorsqu'elle croit ingérer par mégarde la tête (ou le cul, c'est selon) d'un nématode (le parasite qui infecte la morue); on la force à culpabiliser à la moindre ingestion d'une gorgée d'alcool; elle en arrive à ne plus pouvoir dormir sur le côté, question de ne pas asphyxier le bébé en obstruant une grosse veine qui approvisionne l'alien qui l'éventrera au moment opportun; si elle se couche tard, on lui dit que son bébé ne dormira pas beaucoup; bref, à côté de la femme enceinte idéale, un ascète est une bête de party à faire rougir de honte John Belushi et Robert Downey Jr. Et ne vous méprenez pas : le père à venir n'est pas épargné par cette angoisse. Peut-il continuer de pratiquer sa mission de « missionnaire » sans craindre d'écrabouiller bébé? Peut-il manifester ses angoisses à voix haute sans craindre que bébé-rendu-ado-ou-jeune-adulte-perturbé, au cours d'une séance d'hypnose pour fin thérapo-psychanalytique, ne parvienne à retrouver, perdues dans les dédales de sa mémoire auditive, les paroles inquiètes du géniteur?

Puis surviennent les étapes préparatoires à l'accouchement : yoga prénatal; aqua-forme auquel on invite le futur père à enfiler le maillot (question de lui donner l'impression de servir à quelque chose et qu'il aura quelque influence sur le degré de douleur de sa tendre moitié - ce n'est d'ailleurs pas par hasard, à mon avis, si la tendre moitié devient progressivement les charnus deux tiers : la nature elle-même évince le conjoint, apparemment, au point qu'il devienne plutôt le ci-joint de l'engrossée...); consultation de blogues de frustrées et moins frustrées (ou d'anciennes intellectuelles qui écrivent pour se rappeler qu'elles ont su, à une certaine époque, bien conjuguer leurs verbes). Tout y passe, et pourtant un seul mot suffit à calmer les maux : péridurale. Les professeurs de yoga feraient la file au Bureau de chômage, si chaque femme connaissait les avantages de cette méthode (et consentait à accepter qu'en 2008, la médecine lui accorde le droit de ne pas souffrir inutilement pour des motifs sentimentaux).

***

La tempête est passée. Le 25 novembre dernier. La première de l'hiver. Ironiquement, ma blonde aussi est née un jour de tempête. Avant longtemps, elles se ligueront à deux contre un pour exiger que je donne à la Guignolée tous les thermostats de la maison, moi qui gèle des pieds en plein été.

La vie (ou le destin, ou le bon Dieu, ou le saint auquel vous vous vouez en désespoir de cause) s'est montrée clémente. L'avenir a maintenant un visage. Et l'amour que mon adorable C. et moi éprouvons l'un pour l'autre a pris la forme d'un petit tas de chair d'à peine 6 livres. Les Psychologues Experts du Canal Vi(d)e (ou les diseuses de bonne aventure à 2,49 $ la minute qui squattent TVA à minuit chaque soir, c'est selon) affirmeraient qu'il faut renouveler l'amour, l'entretenir : c'est ce que nous faisons dorénavant très souvent, puisque l'amour demande à être changé de couche aux heures ou à peu près.

Mon adorable C. prétend - avec raison - que ces petites affaires qui chignent ont le tour de vous forcer à devenir attachées à elles : elles viennent au monde jolies (bon, je vous l'accorde, moyennant une imagination qui vous permette de ne pas tenir compte de la peau bleuie par le manque d'oxygène, du sang qui les macule de la tête aux pieds et les rend plus poisseuses que la morue dont je parlais précédemment, de la maigreur presque rachitique des membres (j'ai vu des blattes plus charnues dans un appartement de Montréal-Nord) et de la forme atrocement RI-DI-CU-LE du crâne au sortir du Tunnel qui mène à la Vraie Vie (vous avez vu le film Coneheads avec Dan Akroyd?)). La nôtre a réussi, après 9 jours, à nous faire croire qu'elle est adorable. On s'en reparlera dans vingt ans (j'écrirai peut-être depuis une chambre aux murs capitonnés de l'Institut Robert-Giffard, entre deux traitements aux électrochocs commandités par Hydro-Québec).

Les angoisses, elles, restent; et comme la petite affaire qui chigne, elles se métamorphosent de jour en jour. Pour mieux les amadouer, mon adorable C. et moi avons trouvé la panacée : l'humour. En date du 4 décembre 2008, notre meilleur coup aura été de faire croire - non seulement aux employés du collège où nous enseignons mais même à de parfaites inconnues disséminées (et peut-être inséminées, qui sait) partout au Québec - que notre petite portera le nom de... Kath-Centième. On ne nous accusera pas de ne pas être de circonstance. (Ni de ne pas regarder les bulletins de nouvelles : on nous a appris, à nous aussi, que c'était cette année qu'on commémorait la première fois qu'un Français est venu dire comment vivre aux (rares) occupants du futur territoire de Régis Labeaume).

Kath-Centième n'aura pas le choix : elle aura de l'humour. Sinon elle sera forcée de quitter le foyer familial à 14 ans (c'est l'âge de raison, non?). Au pire, elle trouvera bien du travail en Chine, où les manufactures de clés Allen foisonnent. Et si elle se plaint à la DPJ, je promets de convoquer tous les grands Journalistes d'Enquête de TVA et de révéler des photos compromettantes de ma petite, à la naissance, avec sa tête RI-DI-CU-LE de Conehead. (La vie (ou le destin, ou le bon Dieu, ou le saint auquel vous vous vouez lorsque même les seins de maman abdiquent) vous fournit parfois des outils qu'il faut savoir découvrir - comme dans ces jeux vidéo où les indices clignotent pour que vous les emmagasiniez.)

***

Mais oui, je l'aime. C'est d'une évidence. J'essaie seulement de ne pas le déclarer trop fort : elle pourrait s'en servir contre moi plus tard et me faire du chantage pour que j'accepte que son chum (le salaud - car c'en sera un, j'en suis sûr) puisse coucher à la maison.

Je suis effectivement condamné à mort. Condamné à mourir de rires et à mourir d'amour pour les deux femmes de ma vie.

SL

P.S. Je me relis une troisième fois (le manque de sommeil entraîne un manque d'attention) : « Condamné à mourir de rires et à mourir d'amour pour les deux femmes de ma vie. ». J'ai vraiment écrit ça? Moi qui croyais que la mère seulement était assujettie aux déséquilibres hormonaux...

P.P.S. La vie (ou le destin, ou le bon Dieu, ou le saint auquel vous vous vouez avant de gober deux antidépresseurs) sait être, elle aussi, particulièrement racoleuse : notre petite affaire qui chigne... ne chigne pas tant que ça, après tout.

lundi 17 novembre 2008

Flammèche : Les voix

Êtes-vous tannés, vous autres, de toujours entendre James Hyndman ou Gilbert Sicotte comme voix de pubs à la télé ?

Ils sont tellement partout que je suis convaincu que quand un schizophrène dit qu'il entend des voix, c'est celle de l'un ou de l'autre.

SL

lundi 10 novembre 2008

Écrire

Il y a déjà un peu plus d'un an, je tentais l'aventure : je me trouvais une paire de mitaines de blogueur. Je me souviens d'avoir appuyé sur « Enter » puis d'avoir poussé un soupir. J'acceptais que des inconnus me connaissent un peu mieux.

Mon bilan ? C'est le fun. J'ai beaucoup moins de temps que j'en avais au départ pour écrire - les mises à jour se font moins nombreuses, plus espacées, je m'en excuse auprès de mes 2-3 lecteurs -, mais je suis surpris d'avoir encore le même intérêt d'entretenir ce blogue, un an plus tard (comme je suis toujours surpris de constater que mon adorable C. éprouve encore ce même intérêt pour moi, après tous ces mois...).

Écrire est une exigence à forte dose. J'écris un roman, j'écris un manuel scolaire, j'écris des chroniques régulières. Et pourtant, j'ai encore besoin de cet espace, de cette brèche dans le quotidien que j'ai pratiquée l'an dernier pour faire entrer la lumière d'un autre angle.

Il y a à peu près un an (le 9 novembre 2007, plus précisément), ce blogue me permettait d'émouvoir mes parents, de leur faire comprendre, 12 ans après le décès prématuré de mon oncle, par quelles réflexions j'étais passé. Le hasard m'avait permis de m'inspirer d'un fait d'actualité pour écrire le jour même de l'anniversaire de la mort de mon oncle.

Il y a quelques semaines, ma mère m'apprenait que la veuve de mon oncle, ainsi que ses deux fils, ont eu l'occasion de lire mon texte. Qu'ils en ont été émus, eux aussi. Que 13 ans plus tard, la plaie est encore sensible. Un des deux fils s'est étonné que j'aie pu connaître mon oncle à ce point. Je soupçonne que son étonnement vienne de ce que je me souvienne autant de son père. Quand on est modeste, on ne s'attend pas à ce que les autres se souviennent de vous très longtemps, particulièrement si vous n'avez laissé en héritage rien d'autre que ce que vous savez faire de mieux. Si mon oncle avait réalisé l'irréalisable, s'il avait fait quoi que ce soit de marginal pour un homme de sa condition, il aurait peut-être accepté de considérer la possibilité de sa pérennité; et encore.

Écrire, ne serait-ce que sur un site aussi ringard que celui-ci, m'aura permis de dépoussiérer la mémoire. Pour cette raison, l'aventure en vaut la peine.

Il y a des fois où écrire donne du concret, compense le non-dit, relie des points qu'on ne saurait rapprocher autrement.

Au cours de la dernière année, Internet aura aussi dépoussiéré ma famille. Ma mère a trouvé comment m'envoyer des fichiers Power Point très cliché mais qui lui permettent de me dire ce qu'elle n'oserait peut-être pas me dire de vive voix, de peur que je la trouve quétaine; j'ai inscrit mon père à son premier pool de hockey à vie, et je le vois s'amuser comme un petit fou; mon frère s'est servi du courriel pour trouver en son grand frère un confident au cours des derniers mois.

Écrire n'a pas à être long, n'a pas à être bon.

Qui sait, dans quelques années, c'est peut-être ma petite fille qui me lira et que je ferai rire, ou pleurer, ou rager. J'ose croire qu'elle m'en parlera, entre deux épisodes de son émission d'adolescente à Canal Oisif, ou entre deux pages de Filles d'aujourd'hui.

Sinon, j'espère qu'elle écrira, elle aussi. Question que jamais le bruit de ce qu'elle sent ne s'enfouisse en elle.

Et probablement que de mon côté, j'userai encore la batterie du portable pour écrire mon désarroi devant ses décisions insaisissables ou ma stupeur devant sa dernière coupe de cheveux.

J'espère qu'écrire me permettra longtemps d'assimiler le changement.

SL

mercredi 5 novembre 2008

Flammèche : (re)faire l'histoire

Les États-Unis ne sont pas mon pays et pourtant je me sens plus léger ce matin, grâce à la victoire écrasante d'Obama - 367 grands électeurs, alors qu'il n'en avait besoin que de 270.

À mon avis, une image vaut mille mots :



Il faut un rassembleur (et un fichu désir de changement de la part du peuple) pour que la Virginie (après 40 ans de républicanisme), la Floride, la Caroline du Nord et l'Ohio votent pour les démocrates ! On assiste aujourd'hui à un tournant de l'histoire, et les Américains viennent de lancer un message dont la clarté n'a eu d'égale, peut-être, que la victoire des Républicains de Reagan dans les États de New York, du Massachusetts et de la Californie, jadis...

Bonne chance, Barack. Le cynique qui sommeille (à peine) en moi espère seulement qu'on n'essaiera pas de t'assassiner dans les deux prochaines années. Parce que dans le Sud, ça doit rager fort, ce matin, à coups de Kriss de Kaliss de Kalvaire...

SL

mercredi 29 octobre 2008

Flammèche : Le plus court film d'horreur de l'histoire

À l'approche de la Louine, j'ai pensé que certains apprécieraient l'occasion de voir un film d'horreur. La beauté de la chose, c'est que vous pourrez le regarder 15 fois pendant votre pause-café.



SL

vendredi 10 octobre 2008

Parti prendre son Bovril ?

Mes réactions, à chaud, après ce premier match du Canadien ? En un mot : erratique. Dans tous les aspects, ça aura été une soirée erratique.

Les joueurs du Canadien communiquaient les uns avec les autres ce soir autant que Jojo Savard avec les esprits. Du jeu décousu, des passes aveugles, des tirs plus hors cible encore que les miens - c'est dire... -, un Alex Tanguay qui a l'air d'être parachuté sur une glace pour la première fois de sa vie, un Koivu plus invisible que les candidats aux élections du Fédéral dans mon comté, et un Price qui accorde un but cheap à Vanek en première et flanche en prolongation. Avouez que le CH, sur papier, était nettement plus avantagé en fusillade que Buffalo. Et je ne parle pas de cette séquence qui a mené au but de Vanek, lors de laquelle les défenseurs Komisarek et Markov se sont retrouvés tous les deux à plat ventre. Je ne parlerai pas non plus des bévues à répétition de Ryan O'Byrne, le géant aux pieds d'argile... et aux mains de béton. (Et pssssttt, Ryan : ferme ta bouche, quand tu es sur le banc. Tu passes à la télé...)

Ce qui est fascinant, c'est que RDS n'a pas voulu être en reste, et s'est aussi laissée aller à des pratiques erratiques. Une horloge à l'écran qui n'est pas synchronisée avec celle du HSBC Centre de Buffalo, une infographie laborieuse - je croyais que depuis plusieurs années maintenant on affichait toujours à l'écran l'indicateur d'avantage numérique -, un réalisateur qui n'a pas saisi le nouveau règlement qui interdit les pauses publicitaires après un dégagement refusé - et, donc, qui nous flanque à la figure une pub de gros pick-up Dodge pendant la mise au jeu en territoire des Sabres.

Et, quant à y être, il fallait que les commentateurs soient de la partie. Que dire, donc, du travail de Benoît Brunet ? J'avoue que je comprends très mal cette décision de RDS de confier le rôle d'analyste à un ancien joueur qui s'exprime dans un français approximatif. En fait, RDS y va fort, cette année : Brunet, Jacques Demers, Joël Bouchard et Michel Bergeron pendant et après les matches. Ouch ! J'ai de douloureux souvenirs de mon dernier cours de Mise à niveau...

Je ne pensais jamais dire ça, mais... il y a de quoi s'ennuyer de Yvon.

Mais, au fait, où est Yvon ?

P.S. Moi-même, j'ai été dans l'erreur toute la soirée : j'ai oublié de me décapsuler une bière pour ce match inaugural.

Quand on dit que ça va mal...

SL

lundi 6 octobre 2008

Wo-wo-wo, ma p'tite Julie, si t'étais pas passée après Sophie...

La plantureuse Julie Couillard est passée à Tout le monde en parle hier soir, question de « ploguer » la biographie qu'elle vient de publier. Sur son blogue, Richard Therrien indique que l'ex-blonde de Maxime Bernier est allée pleurer sur le plateau de la clique à Guy A. et se demande si son livre ne serait pas le fruit d'un désir de vengeance.

C'est quand même drôle. Il n'y a pas si longtemps, c'était Sophie Chiasson qui passait la soirée à l'émission de Lepage. Elle aussi allait « ploguer » sa biographie. Et tout le monde trouvait qu'elle faisait dooooooonc pitié, qu'elle avait doooooooooonc été courageuse d'affronter le gros méchant loup Fillion. Et personne ne lui demandait pourquoi elle souhaitait publier une biographie dont elle savait qu'elle serait vendue à coups de milliers d'exemplaires, elle qui apparemment souhaitait oublier sa bataille contre CHOI FM et passer à autre chose. Et personne ne lui faisait remarquer qu'avec les quelque 300 000 $ que lui devaient Fillion, Demers et autres employés de CHOI, elle avait de quoi passer quelques semaines bien quiète, loin des projecteurs, et n'avait pas besoin de faire la grosse piasse avec un livre - d'autant que son conjoint, Michel Therrien, était déjà à ce moment en poste à titre d'entraîneur-chef des Penguins de Pittsburgh (ce qui est un peu plus payant que caissier chez Dunkin) et que, curieusement, Mam'zelle Chiasson recevait des offres pour la télé, contrairement à ce qu'elle avait allégué au cours du procès.

C'est quand même drôle que Guy A. et ses disciples, ce soir-là, aient pleuré la soi-disant léthargie de Sophie Chiasson, le fait que les propos de Fillion aient nui à sa carrière (alors que c'est après le procès qu'elle a commencé à animer Le grand ménage à Canal Vide et à devenir Miss Météo à TVA). C'est quand même drôle que Lepage et Turcotte n'aient pas pleuré aussi le sort des Kathleen, jumelles Magma, Jean-Marc Parent et autres victimes de Piment Fort qui, dans certains cas, ont dû réorienter leur carrière parce qu'ils n'étaient pas en position pour se défendre.

C'est quand même drôle. Mam'zelle Chiasson veut effacer de sa vie ce sombre épisode, et pourtant elle publie un livre lucratif sur ledit épisode, consent à aller le publiciser avec la mafia du Plateau à Tout le monde en parle et accepte de poser sur la page frontispice de l'édifiante revue 7 jours pour parler de son dur combat contre le diable. J'ai connu des amis moins loquaces parce qu'ils souhaitaient oublier la perte d'un animal...

C'est quand même drôle. Drôle de constater que Dany Turcotte n'a pas osé faire de blagues de mauvais goût sur la grosse poitrine de Mam'zelle Chiasson comme il en a fait hier soir sur celle de Julie Couillard. Sans doute anticipait-il de se faire poursuivre lui aussi...

J'imagine que si Julie Couillard avait été l'ex-blonde d'un député bloquiste, on l'aurait un peu ménagée. Ou peut-être qu'après tout, tout ce qu'il lui manquait, c'était un persécuteur détesté par la bande à Lepage.

C'est quand même drôle. Et tellement plate, quand tu fais pas partie de la bonne gang.

SL




jeudi 2 octobre 2008

Mort et résurrection...


Non, soyez sans crainte : Paul Newman ne renaîtra pas de ses cendres. Ses admiratrices risqueraient d'être déçues...

Mais certaines résurrections surprennent plus que d'autres. Il y a deux ans, je me suis procuré le disque de Noël de Twisted Sister. Très efficace. Très « années 1980 », mais on aurait été déçu du contraire : les musiciens s'assument et n'ont pas voulu s'adapter à la saveur de la semaine. Ça fonctionne rarement, de toute façon. Dream Theater a voulu faire un peu « Muse » sur Octavarium, il y a quelques années, et... c'est poche.

Les cinq bougres qui veulent rocker ressuscitent encore cette semaine (les chats ont neuf vies; je soupçonne Twisted Sister d'en avoir peut-être plus...) et font la preuve de la vacuité que provoque le flux de nouvelles dont on nous bombarde chaque jour. Le site Web The Onion nous apprenait en début de semaine que les membres du groupe consentent maintenant à l'accepter - le complément d'objet (« l' », ou it, en anglais), auquel il est fait référence dans leur chanson la plus populaire « We're not gonna take it », reste très obscur, indéfini.

Bon, je peux comprendre que les gars sont passés à autre chose, qu'ils ont femme et enfants, qu'ils ont délavé leur maquillage et ont rangé leurs perruques. Mais on vient de tuer un peu un des grands hits des années 1980. Le chanteur s'était fait limer les dents pour avoir l'air plus méchant. À quoi bon, maintenant ? Et que dire de cette « nouvelle » ? Imaginons que LCN nous apprenne que dorénavant, pour Julie Masse, ce n'est plus zéro...

Je suis perplexe. Et j'attends la prochaine résurrection de Dee Snyder et sa bande pour, l'espéré-je, en savoir plus.

SL

samedi 27 septembre 2008

Le hockey est en deuil...


Vendredi, le cinéma américain (et le hockey, jusqu'à un certain point) ont perdu une icône : l'acteur Paul Newman est décédé des suites du cancer à l'âge vénérable de 83 ans.

Newman aura passé les dernières années de sa vie à combattre la maladie, à détenir une écurie de course automobile et à diriger une entreprise de produits alimentaires dont l'entièreté des profits étaient (et continueront de l'être, je l'espère) versés à des oeuvres caritatives.

Surtout, à mes yeux, Paul Newman, c'est Reggie Dunlop, le vaillant (et colérique) capitaine des Chiefs de Charlestown dans Slap Shot.

Combien de fois mes amis et moi avons-nous visionné ce film culte des années 1970... Quelle réplique du film n'avons-nous pas apprise par coeur ?

Ce soir, des amis viennent à la maison jouer à un jeu de société que j'ai créé il y a 8 ans, un jeu de hockey. Dans 15 minutes, ils seront à la maison, et j'ai annoncé à mon adorable C. que je hisserai la bannière de Reggie Dunlop, question de retirer son numéro 7. L'étiquette du jus de raisin Newman's Own que j'ai bu pour souper sera suspendue au luminaire qui éclairera la surface de jeu. Aussi, pour l'occasion, tous mes joueurs s'appelleront Paul, ce soir.

Enfin, question de rendre un dernier hommage au bagarreur des Chiefs qui a prêché par l'exemple, voici en quoi Reggie Dunlop aurait pu changer la LNH, si l'on en croit Puck Daddy, le signataire du texte vers lequel je vous envoie.

Repose en paix, Reggie. Tes jointures meurtries tendent le flambeau à la relève.

SL

mardi 23 septembre 2008

Flammèche : Mauvaises fréquentations

Enfin, c'est confirmé. Sidney Crosby a des failles. Tellement qu'il doit s'en remettre au Boss des Boss, dixit André Savard, l'entraîneur adjoint de l'équipe : « On espère qu'il y aura une chimie entre Satan et Crosby. »

SL

jeudi 18 septembre 2008

Triste anniversaire

Il y a aujourd'hui un an, un de mes élèves s'enlevait la vie. Son père et sa soeur le trouvaient pendu à leur retour à la maison. Quelques jours plus tard, j'avais la tâche - plus lourde que je ne le croyais - d'apprendre la nouvelle à ses collègues de classe.

Un an plus tard, j'ai cessé de me demander ce qui a pu motiver cet ancien élève, dont je n'aurai connu que le nom et à qui je n'aurai jamais même eu l'occasion de parler (en quatre semaines de cours...) à passer à l'acte, à franchir la ligne. Existe-t-il un gène qui prédispose au suicide ? Certains scientifiques semblent le croire (c'est le cas du généticien Gustavo Terecki, membre du Groupe McGill d'étude sur le suicide (GMES)) Quel était le contexte social dans lequel vivait mon ancien étudiant ? Lorsqu'on s'attarde à l'article que publie Le Devoir ce matin, on prend connaissance des principaux paramètres qui mènent la génération dont faisait partie mon étudiant au bonheur. Tant de questions se sont estompées avec le dernier souffle de ce jeune homme, étudiant en sciences.

Surtout - surtout -, disposait-il de quoi que ce soit qui pût le maintenir en vie (je veux dire vivant, avec toute la part d'éveil et de curiosité que le concept comporte) ? Avait-il une passion ? Pour plusieurs, c'est l'élément qui semble faire la différence.

S'il y a une chose que j'aimerais transmettre à mes étudiants, c'est l'importance de se trouver une passion. Si on est chanceux, on en développe quelques-unes. J'ai reçu la grâce de faire partie de cette dernière catégorie. Et je ne parle pas de la passion pour quelqu'un - c'en est une beaucoup trop précaire.

Eddie Vedder, le chanteur de Pearl Jam, a trouvé le salut dans la musique. L'auteur à succès Patrick Senécal a trouvé un exutoire dans l'écriture. Pour d'autres encore, c'est le sport.

***
Tout ça me fait penser à Chantal Petitclerc, qui revient des Jeux paralympiques de Pékin avec cinq médailles. Réjean Tremblay se désole, ce matin, du fait qu'elle ne reçoive aucune récompense du gouvernement pour ses accomplissements. Parions qu'elle en a fait son deuil depuis longtemps.

Petitclerc est en fauteuil roulant depuis l'âge de 16 ans, depuis qu'une porte de grange l'a écrasée et lui a brisé le dos. Seulement, elle s'est relevée et s'est trouvé une passion.

On ne peut absolument pas simplifier la question du suicide en affirmant que la propension ou non de quelqu'un à commettre le geste n'est qu'une affaire de passion; que trouver un passe-temps correspond à la panacée.

Seulement, s'il existe un gène qui prédétermine cette propension à mettre fin à ses jours, il existe sûrement, en contrepartie, quelque effet sur la chimie du cerveau qui provienne de la satisfaction et à l'accomplissement qu'on trouve lorsqu'on s'immerge dans sa passion.

SL

mercredi 3 septembre 2008

Vues du Québec


En juillet dernier, mon adorable C. et moi voyions aboutir un projet sur lequel nous aurons planché pendant plus d'un an et demi : un livre de 268 pages intitulé Vues du Québec. Un guide culturel. L'ouvrage, codirigé par Aurélien Boivin, Chantale Gingras et Steve Laflamme, présente en trois sections diverses facettes de la culture québécoise, au sens large.

La première section, « Portraits de société », traite d'histoire, de sociologie, des médias, du système d'éducation, du système politique.

La deuxième partie, intitulée pour sa part « Parcours culturel », aborde les principales manifestations artistiques que sont le roman, la poésie, la chanson, le théâtre, la bande dessinée, l'essai, la peinture, l'architecture, mais aussi des éléments de la culture qu'on a tendance à oublier : le sport, la gastronomie, la mode.

La troisième partie, « Tour du Québec », y va d'une présentation de chacune des régions du Québec d'un point de vue géotouristique.

Au total, c'est une cinquantaine de collaborateurs bénévoles qui ont participé à Vues du Québec, tous des spécialistes dans le domaine qu'ils traitent. Parmi les noms les plus connus, on note Jean Soulard (gastronomie), Simon Langlois (sociologie), Réjean Pelletier (politique), Claude Poirier (linguistique), Claude Villeneuve (environnement), Louis Balthazar (nationalisme), Denis Vaugeois et Denys Delâge (Premières Nations), etc.

Quant à mon adorable C. et moi, non seulement avons-nous codirigé cet ouvrage en touchant à la direction éditoriale, au démarchage publicitaire, à la révision-correction-réécriture de textes, à la recherche iconographique et à la mise en marché, mais nous y avons aussi publié chacun deux articles.

Vues du Québec. Un guide culturel se trouve, pour le moment, dans quelques librairies de Québec ou peut être commandé à revueqf@bellnet.ca (au secrétariat des Publications Québec français). Et psssttt, on ne le vend pas cher : 24,95 $.

Je m'en voudrais d'oublier de présenter l'équipe :

Direction éditoriale : Aurélien Boivin, Chantale Gingras, Steve Laflamme

Révision et correction des articles : Aurélien Boivin, Chantale Gingras, Steve Laflamme, Isabelle L'Italien-Savard, Gilles Perron.

Graphisme : Chantal Gaudreault

Notice bibliographique complète :
BOIVIN, Aurélien, Chantale GINGRAS et Steve LAFLAMME [Dir.], Vues du Québec. Un guide culturel, Québec, Les Publications Québec français, 2008, 268 p. ISBN 978-2-920204-11-9

SL

jeudi 28 août 2008

Flammèche : le syllogisme de la rentrée

Lu sur Cyberpresse.ca ce matin : un enfant de 7 ans se présente pour son premier jour d'école, cette semaine, avec un t-shirt sur lequel on peut lire : « Les arbres donnent de l'oxygène. Les devoirs tuent les arbres. Les devoirs causent le réchauffement planétaire. »

En voilà un qui passera son cours de Philo, dans une dizaine d'années...

SL

lundi 4 août 2008

Flammèche : Made in China

Hé, vous autres, à Pékin, vous êtes à quelques jours des J.O., alors j'imagine que la planète a les yeux tournés vers vous. J'imagine que vous n'avez jamais vu autant de journalistes et que les communications n'ont jamais été aussi présentes sur votre territoire.

Du confort de mon fauteuil, depuis Québec, j'ai, moi aussi, un message à vous transmettre. Car, voyez-vous, je viens d'acheter une des chaises ergonomiques que vous exportez en Amérique. Ça va comme suit :

Vos hostie de kits à monter avec une clé Allen, là...

Vous pensez pas que si j'achète une chaise de BUREAU à 70 $ - que vous empaquetez dans des boîtes assez petites et légères pour qu'on puisse les apporter soi-même DANS SON CHAR - pour travailler devant mon ORDINATEUR, parce que j'y passe pas mal de temps puisque J'AI INTERNET et que je suis PROFESSEUR (donc j'ai des trucs à préparer et à rédiger), c'est que j'ai les moyens de m'acheter un kit de tournevis à la quincaillerie du coin ou, mieux encore, une perceuse pour sauver du temps?

Vous pensez vraiment favoriser les pauvres en fournissant votre hostie de clé Allen, alors que la mère monoparentale ou que l'obèse cyberdépendant sans travail (parce que cyberdépendant, justement) ou que la p'tite grosse à lunettes qui pogne pas, terrée dans son deux-et-demi dans un demi sous-sol (elle ne peut pas se permettre plus grand : elle n'a que son salaire de chez McDo)- IL N'Y A AUCUN MOYEN POUR QUE CEUX-LÀ PUISSENT MONTER VOTRE CHAISE TOUT SEULS? Et ils dépenseront une fortune en p'tites crèmes pour les mains après s'être labouré les paumes à cause de votre hostie de clé Allen.

Cela dit, bons J.O.
Et faites pas travailler vos employés de moins de 8 ans trop tard. (Laissez-les au moins regarder les feux d'artifice, le soir de l'inauguration.)

SL




mardi 29 juillet 2008

Flammèche : Mon ivrogne bien-aimé!

" Nous cherchons tous le bonheur, mais sans savoir où,
comme les ivrognes qui cherchent leur maison,
sachant confusément qu'ils en ont une."
- Voltaire -



Internet aura permis à tout le monde, de toutes les classes, de toutes les orientations, de toutes les races et de toutes les langues, de se faire voir - et de se rassembler.

Amis picoleurs, réjouissons-nous : le buveur moderne dispose (et ce, depuis 1996! - mais où étais-je pendant tout ce temps perdu?) d'un site Web pour améliorer les conditions dans lesquelles il orchestre ses cuites, pour voter pour son pilier de bar préféré (du géant Ferré à Charles Bukowski, soyez imaginatif/ive!), pour glaner des conseils vinicoles, entre autres services.

Remarquez les articles, dans le menu de gauche : le lecteur, que ce soit en sirotant un martini ou en sifflant une grosse Molson Ex, peut lire des textes de fiction (on ignore s'ils mettent en scène des saoulons ou ont été écrits sous l'effet de l'alcool - probablement un peu les deux...); connaître l'ivrogne du mois (ça lui fera quelqu'un à qui confier ses problèmes lors de sa prochaine beuverie - qui plus est, quelqu'un qui ne l'interrompra jamais); lire le journal d'un dipsomane; avoir accès à toutes les nouvelles qui concernent l'alcool et ses effets collatéraux (au détriment, peut-être, des nouvelles d'intérêt général mais bon, on ne peut pas tout avoir et il faut savoir se centrer sur l'essentiel...); lire des poèmes de clochards; etc.

La section "Sordid Tales of a Bartender in Heat" ("Histoires sordides d'un barman dans le feu de l'action") vaut à elle seule le détour : consultez la FAQ et, surtout, les réponses!

Mon monde est réinventé.
Fini, l'ennui mortel de mes jours pluvieux d'été.
Enfin, le Bonheur auquel chacun aspire.

Longue vie (et eau-de-vie) à Modern Drunkard Magazine Online !

*hic*

SL

samedi 26 juillet 2008

À l'intérieur des remparts

Quand mon adorable C. me parlait de la portion de Québec qui est intra muros, j'ignorais de quelle section elle parlait jusqu'à ce qu'elle m'explique que l'expression désigne la partie du Vieux-Québec qui se trouve à l'intérieur des remparts. Québec, ville emmurée, ville qui se protège de l'envahisseur...

***

Le problème, lorsqu'on est minoritaire, c'est qu'on semble développer une paranoïa qui fait voir l'Autre comme un ennemi. Immanquablement. Et quand on est associé à une cause comme la souveraineté en plus, j'imagine qu'il faut profiter de toutes les occasions pour tirer à boulets rouges (ou bleus?) sur cet Autre. Question de ne pas se faire oublier. Question de montrer qu'on est là, de l'autre côté de la clôture (ou des remparts), sautillant pour qu'on s'aperçoive qu'on existe encore.

Je n'accepte toujours pas les conneries qu'ont proférées les Luc Archambault, Pierre Curzi, Pierre Falardeau et autres souverainistes paranoïaques qui ont vu dans la venue de Paul McCartney à Québec une conspiration du fédéral, ou une invasion anglaise, ou une reprise de la prise de possession des Plaines par un commandant anglais, ou un épisode de Nic et Pic en ballon, ou je ne sais quoi encore. Et je me réjouis que Pauline Marois ait eu l'intelligence de faire la part des choses et de se dissocier des affirmations frauduleuses, ridicules, gênantes et insultantes de ces Chevaliers de l'Apocalypse qui prédisaient l'extinction de la race - vous êtes sans doute convaincus comme moi que les 260 000 heureux visiteurs qui sont allés voir McCartney dimanche dernier sont repartis convertis à la langue anglaise et ne parlent plus un mot de français, non? -, et qui voyaient dans la venue de l'ex-Beatle - telle Jojo Savard dans sa fausse boule de cristal, jadis - l'annonce de la dépravation du peuple québécois.

Être Québécois, aux yeux des cosignataires de la lettre d'Archambault à McCartney, c'est sans doute fêter en famille, laisser la porte verrouillée pour ne pas qu'entrent « les étranges ». Sans doute aurait-il fallu, pour célébrer une partie du 400e de Québec, inviter un grand Français comme Johnny Hallyday, peut-être (pour 4 millions de dollars, il aurait probablement accepté qu'on change son nom pour Ti-Jean Jour d'allée ou encore Jeannot Vacances). Oui, j'aurais accepté de payer pour aller le voir essayer de se dépêtrer pour expliquer pourquoi celui qui était son roi, en 1759, préférait organiser des partys fastueux à la cour de Versailles plutôt que d'envoyer des hommes en Nouvelle-France pour aider les nôtres contre les Anglais sur les Plaines.

Peut-être aussi que les plus intelligents auraient su que Johnny/Ti-Jean n'avait rien à voir là-dedans, puisque les événements sont survenus il y a 259 ans, et qu'il n'aurait pu porter le blâme pour la négligence de Louis XV. Comme McCartney, un chantre de la paix ainsi que de l'amour bébête et naïf des années 1960, n'a rien à voir avec les tortionnaires anglais d'il y a trois siècles.

Peut-être encore aurait-il fallu fêter en famille, en sauvages, comme l'auraient voulu les souverainistes enragés, en n'invitant que des Québécois. Et de souche, s'il vous plaît : Stefie Shock, Richard Desjardins, Isabelle Boulay, Loco Locass... la même gang, bref, qu'à la Saint-Jean-Baptiste.


Justement. En quoi la fête du 400e aurait-elle eu quoi que ce soit de différent que la fête annuelle de la Saint-Jean, le même sacro-saint concert qui a lieu année après année sur les Plaines, avec les mêmes faces, les mêmes chansons et le même discours?

L'idée derrière le 400e, c'était de s'organiser pour que les yeux de la planète soient tournés vers la ville de Québec. Et Daniel Gélinas et son équipe ont mauditement bien réussi leur coup : il y a du McCartney à Québec mur à mur sur Youtube; tous les journaux en parlent encore, une semaine plus tard; une copine du Tennessee est en promenade au Québec depuis près d'un mois et me disait qu'on parlait de la venue de Sir Paul à Québec, chez nos voisins du sud. Pour une fois, Québec est plus grande que nature; pour une fois, on s'est amené ici de partout dans le monde pour participer à un événement unique. Pour une fois, on fait des jaloux.

Désolé, mais ce ne sont pas Stefie Shock ni même Richard Desjardins qui auraient attiré 260 000 convives sur les Plaines dimanche dernier. Parce que les Québécois auraient eu l'impression d'être invités à un spectacle comme ils peuvent en voir à l'année à Québec, à Montréal et partout ailleurs au Québec. Et personne du Salvador, du Canada anglais, des États-Unis ni d'Europe ne se serait pointé le bout du nez.

Oh, mais j'y suis : c'est bien ce que voulaient nos souverainistes enragés, non? Un petit party privé, juste en famille. Au pire, on invite quelques Québécois récemment immigrés ainsi que Bouchard et Taylor pour leur montrer qu'on est de bonne foi, et l'affaire est dans le sac.

On se scandalise de la venue d'un Britannique en terre francophone en en faisant un événement politique. On focalise sur ce spectacle comme si c'était le seul que la Société du 400e ait eu à offrir, sans parler du concert de Céline Dion (encore Québécoise, à ce que je sache) ni du spectacle du Cirque du Soleil (mené par un Québécois, que je sache); sans évoquer le Moulin à images de Lepage, qui fait fureur depuis plus d'un mois dans le Vieux-Port; sans évoquer le spectacle du 3 juillet qui a vu les grands de la francophonie se réunir au cours d'un même concert.

L'invasion britannique, c'est celle des années 1960 qu'ont voulu revoir les 260 000 spectateurs de dimanche dernier. Celle qui a vu les Beatles, les Rolling Stones, The Who, puis Led Zeppelin, entre autres, envahir le marché nord-américain et montrer ce que la Grande-Bretagne avait à offrir au monde en matière de musique rock. Une musique qui a bercé toute la génération des baby-boomers. C'est ça, précisément, que les Québécois qui se sont laissé guider sur les Plaines dimanche ont voulu revoir. Ils ont voulu voir une icône de la musique internationale,
« un des grands compositeurs du XXe siècle », si je puis paraphraser un de mes collègues (lui-même ardent souverainiste, tiens-tiens), qui affirmait aller voir McCartney comme il serait aller voir Igor Stravinsky.

Au lieu de nous flageller à grands coups de ceinture fléchée, si je puis paraphraser un autre collègue qui est allé voir McCartney sur les Plaines (et qui est lui aussi souverainiste, tiens-tiens...), félicitons-nous d'être parvenus à attirer les regards du monde entier sur notre ville dimanche dernier, comme Montréal l'a fait en 1967 avec son Expo universelle. Rester prostrés à l'intérieur des remparts, c'est se couper de ce qui est là, de l'autre côté des murs, pour nous alimenter. Pour nous faire voir autre chose que nos mêmes faces et que notre nombril.

***
J'aime beaucoup quand mon adorable C. m'entraîne pour une promenade intra muros dans le Vieux-Québec. Mais au bout d'un moment, j'étouffe et je veux voir ce qu'il y a au-delà.

SL



jeudi 10 juillet 2008

Vous avez dit clarté?

Pas facile, la discipline. Je n'ai rien écrit ici depuis le 24 juin. Ce ne sont pourtant pas les sujets qui manquent : le Festival d'été bat son plein et nous gave de la meilleure programmation que j'y aie vue en 10 ans; le mois de juin a été le plus merdique que j'ai vécu depuis longtemps; Québec fourmille de visiteurs et d'activités pour le 400e; Ceuline est jalouse de McCartney.

Ce qui retient toutefois mon attention, ce sont les preuves de confusion du discours que je remarque dans la LNH.

Les signatures de contrats pharamineux dans la LNH vont bon train depuis le 1er juillet, et nous révèlent que les proprios n'ont rien retenu du lock-out. Ils étaient les premiers à blâmer les joueurs et les agents, qu'ils trouvaient trop gourmands. Depuis mardi dernier, ils s'arrachent les pires pieds de céleri à grand renfort de millions.

Si jamais Michael Ryder ne parvient pas à relancer sa carrière à Boston, il pourra toujours se tourner vers la prestidigitation. Ou l'hypnose. Parce que c'est un tour de magie improbable qu'il a réalisé, et sa poudre de perlinpinpin est efficace au point qu'il a réussi à arracher 4 millions par année pour 3 ans au directeur général des Bruins - après la saison de misère qu'il vient de connaître. L'ancien bonze Harry Sinden doit suçoter des Valium depuis une semaine en voyant ce qu'a consenti le DG des Bruins à Ryder, le marqueur de 30 buts le plus inutile de la LNH.

Pendant ce temps, les Canucks de Vancouver offriraient 10 millions par année à Mats Sundin, un vétéran utile, certes, mais qui a 37 ans et n'a plus le coeur à l'ouvrage. Les richissimes Rangers de New York ont accordé, de leur côté, un contrat de 8 millions pour deux ans à Markus Naslund, un vétéran sur le déclin qui ne se souvient peut-être plus de ses meilleures années.

Pire encore, les directeurs généraux sont à couteaux tirés. Il faut éviter de convier Kevin Lowe (Edmonton) et Brian Burke (Anaheim) à un même party, tandis que le DG des Canucks a tenté de voler David Backes aux Blues de Saint-Louis - coup bas que lui a rendu le DG des Blues cette semaine en essayant de lui chiper Steve Bernier.

Bref, les administrateurs n'ont rien retenu de l'impasse d'il y a 3 ans; leurs bonnes intentions se sont dissipées et on devine que leur solidarité n'était qu'apparente.

***
À plus petite échelle, certains syndiqués de la ville de Québec croient lancer un message clair à Régis Labeaume en causant du vandalisme sur sa propriété. Remarquez qu'ils ont peut-être compris qu'ils doivent faire chier celui à qui ils ont affaire au lieu de prendre en otage la population, comme le font toujours les grévistes. Je veux dire, vandalisme pour vandalisme, j'aime autant le dégonflage des pneus de l'auto du maire que le sectionnement de câbles des syndiqués de Vidéo-étron qui, en 2002, croyaient qu'ils allaient se rallier la majorité en l'accablant de ses manigances. (À ce sujet, je salue le courage et l'intelligence des journalistes syndiqués du Journal de Québec qui, d'avril 2007 à la semaine dernière, ont trouvé un moyen ingénieux de protester contre PKP et son empire... et de se rallier la population.)

La limpidité dans le message qu'on veut envoyer ne semble donc pas donnée à tout le monde.

C'est toutefois le maire Labeaume qui remporte la palme du manque de clarté. Sa déclaration, ce matin, à la suite de l'acte de vandalisme dont il a été victime, est savoureuse : « Ça ne m'atteint pas. Ça a peut-être même l'effet contraire. »


Jean Perron et Jean Chrétien, véritables archétypes de la pirouette langagière disgracieuse, doivent déclamer Michèle Lalonde ce matin :
« Nous savons que nous ne sommes pas seuls. »

SL

mardi 24 juin 2008

Ah ! la Saint-Jean...

Réjean, Réjean, Réjean...

Chaque année le repêchage de la Ligue nationale de hockey et la Saint-Jean-Baptiste se côtoient, à quelques jours d'intervalle. Et chaque année, le même discours, depuis plusieurs années.

Cette année encore, quelques journalistes et gérants d'estrade - Réjean Tremblay en tête - reprochent au Canadien de n'avoir repêché aucun joueur québécois, personne de la LHJMQ. Qui plus est, Tremblay conspue le CH parce qu'il a préféré trois Américains aux p'tits gars de chez nous.

Réjean, Réjean, Réjean!

Primo, le meilleur Québécois, selon le classement de la LNH, était Nicolas Deschamps, positionné au 21e ou au 25e rang, selon la source qu'on consultait. Deschamps est un joueur de 6 pieds et à peine 175 livres, une fois qu'il est bien trempé et a les dents brossées. On ne parle pas encore du joueur de centre de gros gabarit que le CH cherche depuis des lunes.

Secundo, depuis 1980, l'« année Doug Wickenheiser », le CH s'est royalement trompé plus souvent qu'à son tour avec ses premiers choix. Je n'énumérerai même pas les pieds de céleri qu'on a repêchés au premier tour - de toute façon, il y a des Brad Brown et autres Terry Ryan que j'ai oubliés depuis belle lurette. Bob Gainey savait qu'il pouvait aller chercher Alex Tanguay à Calgary pour une bouchée de pain (son choix de 25e ronde, une position où il ne reste déjà plus grand-chose lors d'une cuvée comme celle de cette année). Comme l'indique François Gagnon sur son blogue aujourd'hui, acquérir Tanguay, un Québécois de premier plan dans la LNH, correspond à ce premier choix francophone, de toute manière.

Tertio, et c'est le plus important selon moi, il faut se demander quel est le rôle du Canadien : Bob Gainey a-t-il la tâche de trouver les meilleurs employés disponibles, ceux qui sont susceptibles de lui donner le plus dans l'avenir et mener l'équipe le plus loin possible, ou doit-il trouver des ambassadeurs du Québec qui, comme le Bonhomme Carnaval et Mado Lamothe, sont des pancartes qui ont un produit à vendre?

Sur quelles bases juge-t-on la qualité d'une équipe, une fois la saison et les séries terminées : en observant son taux de victoires et ses succès en séries ou sa capacité à représenter le peuple? Il y a déjà assez, à mon avis, de Star Académie qui privilégie la représentativité régionale plutôt que le talent...

Pourquoi le Canadien devrait-il se composer une équipe surtout québécoise en faisant fi de la qualité des joueurs? Le Canadien n'est pas l'Assemblée nationale : peu importe la nationalité des joueurs qui forment l'équipe; leur tâche est d'apprendre à jouer ensemble et de gagner. Guy Bertrand a montré, oui, qu'une équipe toute québécoise ferait bonne figure au niveau mondial. Le problème, c'est que les Québécois de talent, les Simon Gagné, Vincent Lecavalier, Patrice Bergeron, Marc-André Fleury et compagnie, ne sont pas l'exclusivité de l'équipe montréalaise. Et personnellement, je ne choisirais pas non plus un Québécois juste pour choisir un Québécois, s'il y avait un Américain, un Tchèque, un Russe, voire un Éthiopien mieux classés que le p'tit gars de chez nous. Les Oilers d'Edmonton se font-ils un devoir de ne repêcher que les boeufs qui sortent de la Ligue de l'Ouest? Les très protectionnistes Américains obligent-ils leurs équipes états-uniennes à ne repêcher que dans les universités de l'Oncle Sam?

J'insiste : le but est de trouver la meilleure recette pour gagner; pas de trouver le joueur qui se fera le mieux comprendre de ma tante Aline en entrevue ni celui qui aura le plus beau sourire à côté des enfants malades de l'hôpital Sainte-Justine.

Qu'on exige du capitaine Koivu qu'il baragouine quelques mots de français, soit; je suis moi-même professeur de français et suis fier d'être Québécois ainsi que de parler le français en Amérique. Le capitaine a un rôle de représentant et devrait être en mesure d'exprimer la pensée de son équipe dans la langue de la ville qui le fait travailler. Si Bob Gainey, un Ontarien, a compris qu'il devait le faire et a pu le faire, à son arrivée à Montréal, dans les années 1970, Koivu est aussi capable de le faire. (Remarquez qu'on ne peut pas s'attendre non plus à trouver un Gary Carter à chaque coin de rue en donnant un coup de pied sur une poubelle.)

Autre fait à ne pas négliger : les joueurs issus des rangs universitaires américains sont la « propriété » des équipes de la LNH pendant 4 ans - comparativement à 2 ans, pour ce qui est des joueurs issus de la LHJMQ. C'est sans doute ce qui explique, plus encore que le proaméricanisme que Réjean Tremblay prête frauduleusement à Trevor Timmins, le recruteur en chef du CH, le fait que le Canadien a sélectionné trois Américains en fin de semaine. Deux ans de plus dans le développement d'un jeune joueur de hockey, c'est énormément significatif.

En attendant de voir ce qu'il adviendra des Québécois repêchés et de ceux qui ne l'ont pas été, en attendant de voir ce que deviendront les Américains sur qui le CH a jeté son dévolu, la LHJMQ doit faire ses devoirs et s'autoanalyser : il n'y a pas que le Canadien qui a boudé les Québécois au premier tour.

En attendant aussi les premiers coups de patin de Tanguay et la signature (peut-être) du grand Sundin, en attendant que le mercantile Hossa obtienne le pactole le 1er juillet et que Michael Ryder trouve une équipe assez moribonde pour lui donner une chance de racheter la saison merdique qu'il vient de connaître, je me dis que j'assiste, ces jours-ci, à tout
un pan de ce qu'est le Québec : beau temps mauvais temps à la Saint-Jean, il est toujours question de hockey, autant sinon plus que des artistes qui ont joué sur les Plaines d'Abraham, et nettement plus qu'il aurait été question de base-ball, même si on ne nous avait pas dérobé notre équipe professionnelle, il n'y a pas si longtemps. Et on trouve toujours les deux mêmes clans : d'un côté, les alarmistes comme Tremblay, qui crient au scandale et s'imaginent plus de conspirations qu'on en verra jamais dans les films d'Oliver Stone - entretenant ainsi le complexe de persécution de nombreux Québécois; de l'autre, les gens comme moi qui croient savoir relativiser et séparer la politique et le sport. Vouloir amalgamer les deux, c'est accorder beaucoup trop d'intelligence à nombre de personnalités sportives...

SL

dimanche 15 juin 2008

Flammèche : le revers de la médaille

L'an dernier, j'ai trouvé sur eBay une guitare à 1 cent; j'y ai aussi acheté une guitare cigar box faite à la main par un type du Nebraska. J'ai acheté des jeux vidéo, des DVD, de vieux enregistrements VHS, des livres.

Je croyais y avoir tout vu l'hiver dernier quand ce Québécois y a mis en vente son banc de neige. Jusque-là, le plus ridicule que j'avais vu, c'était la chique de gomme d'un joueur de base-ball récupérée par un amateur présent à un match et vendue (eh oui...) plusieurs milliers de dollars.

Eh bien le banc de neige trouve un proche rival : un lot de 5000 onglets de cannettes de liqueur ou de bière. Et le vendeur a le culot d'en demander 30 $ US - en plus des 8 $ de frais d'envoi.

Et dire que pendant ce temps, mon adorable C. et moi avons perdu un après-midi à tenter une vente de garage qui s'est soldée par un orage qui nous a vus tout rentrer à vitesse grand V.

Et dire aussi que tout ce matériel, j'ai du mal en trouver preneur, même sur un site d'annonces classées.

Je devrais vendre des attaches à pain, des bâtonnets agitateurs de peinture Sico ou tous les dépliants de propagande du Parti conservateur à l'effigie de Josée Verner que je reçois dans ma boîte aux lettres.

Vraiment, la malédiction que c'est de n'acheter et de ne vendre que des articles utiles...

SL

dimanche 1 juin 2008

Six, comme dans "déchaînés"

Une belle découverte musicale, pour moi, cette semaine : Marylène et les Heureux perdus, un sextuor énergique, qui déplace de l'air... et qui est constitué de vrais musiciens.

Marylène et les Heureux perdus, c'est du rock, du country, du ska, du néo-trad du bout des doigts, parfois même du bluegrass; c'est deux guitares, une batterie, des percussions, du piano, de l'accordéon, du banjo, de la mandoline, du lap steel, et même des clochettes!; c'est du chant gracieux, mélodique, doux, autant que des envolées fortement aiguës et contrôlées qui n'ont rien à envier aux hymnes tentateurs des Sirènes; ce sont des harmonies mais surtout des chansons à "hook", c'est-à-dire qui sont inoculées de cette mélodie qui vous reste en tête, et surtout qui sont drôlement bien construites.

En tête, Marylène Hains, que j'ai la chance de connaître un peu, puisque nous enseignons au même collège. Ses textes laissent d'ailleurs transparaître avec évidence la vocation de professeure de philosophie de la chanteuse. Non mais il fallait être au Cercle, à Québec, vendredi soir, pour être témoin de rien de moins qu'une acclamation de Nietzsche dans un show rock (je vous dirais bien qu'il a été ovationné, mais tout le monde était déjà debout...). Faut le faire quand même - tiens, voilà un défi pour J.O.E. Daking et autres spécimens avariés issus de la production en série à la Quebecor. Dans la salle, des étudiants surtout (dont plusieurs connaissent les paroles des chansons!) et, ah oui, ce trio de beaux-frères, sans doute, venus se rendre compte au bar que le Cercle ne sert pas de Molson Ex. À retenir : Marylène et les Heureux perdus, ce n'est pas pour les vrais Serge.

Il faut reconnaître le caractère résolument engagé de Marylène, gauchiste notoire qui profite d'un segment instrumental pour distribuer des tracts dans la foule, elle qui remet une partie des revenus de la soirée au Plan Nagua et qui annonce, en début de spectacle, que circulera parmi les convives une pétition visant à faire libérer un prisonnier de Guantanamo. Bref, on est loin des "tchin-tchin" d'Éric Lapointe et des sacres de Plume entre les tounes.

Il y a un peu de Dumas dans la musique des Heureux perdus, du Lynda Lemay, peut-être, dans les mélodies vocales (moins les odes ridicules aux souliers, aux bobettes et autres pièces d'équipement du quotidien), parfois des rappels des Cowboys Fringants (sauf qu'à la tête des Heureux perdus, on a quelqu'un qui sait chanter). J'ose même reconnaître des relents de Muse ou du rock britannique contemporain, par moments.

Le show des Heureux perdus est une invitation au voyage, gracieuseté des présentations philosophiques, presque oniriques que fait Marylène de chacune des pièces - entrecoupées par la folie manifeste (et rafraîchissante) de son frère, Jasmin, à la guitare rythmique - un hyperactif à ne pas faire jouer en première partie d'Isabelle Boulay - le mélange Jasmin Hains et Prozac préalables aux shows de la rouquine neurasthénique pourrait entraîner une surdose faisant surchauffer l'organisme...

Une mention toute spéciale aux autres musiciens, qui laissent en apparence toute la place aux Hains : le bassiste (qui pourrait fort bien être professeur d'éducation physique) est solide, le batteur, fiable, et le percussionniste, inventif. Mention toute spéciale au guitariste soliste, Éric Blanchard, une espèce de Harry Potter qui a défroqué de Poudlar pour fuguer à Woodstock. Le guitariste que je suis depuis un quart de siècle sait reconnaître quelqu'un qui a du talent... et je ne parle pas de Wilfred LeBouthillier. Blanchard manie aussi bien le banjo que la mandoline, le lap steel ou la Stratocaster. Ses soli sont inspirés, pas clichés, malgré la simplicité des suites d'accords de certaines pièces. On suppose que Blanchard a décidé très jeune de troquer le Nintendo pour la Strato.

Voilà un groupe qui offre un matériel net, professionnel, et qui m'a donné le goût d'acheter l'album qui sortira prochainement - parce que lorsqu'on est aussi droit, aussi réglé au quart de tour en spectacle, on ne peut que faire un travail efficace en studio. L'amateur de rock que je suis espère que le son soit aussi électrique, aussi rock, justement, sur l'album - le transfert du direct au studio entraîne parfois quelques trahisons (la dernière fois que j'en ai été témoin, c'est quand j'ai écouté l'album de Blue October après les avoir vus au Festival d'été, en 2006). Je suis prêt à encourager volontiers la musique québécoise, lorsqu'elle a quelque chose de différent à m'offrir et lorsqu'elle sonne bien.

Espérons que le disque soit porteur au moins d'un tantinet de l'âme qui hantait chaque pièce, vendredi soir. Il faut dire que Marylène était particulièrement inspirée, elle qui s'est permis de danser, de sauter partout, nus pieds... malgré le fait qu'elle soit enceinte jusqu'aux yeux! Ça aussi, il faut le faire. (Il y en a qui ont laissé en plan des dizaines de milliers de spectateurs au Stade olympique, en 1992, pour des raisons plus douteuses...)

Vous aurez compris que je ne saurais trop recommander un groupe aussi rafraîchissant et étonnamment prêt pour la notoriété. Dans un Québec qui, le plus souvent, mesure la valeur de ses artistes à la qualité de leurs textes, trop souvent au détriment de la musique (pourquoi sinon aurait-on autant célébré l'album Aux portes du matin de Richard Séguin, alors que la plupart des pièces qu'on y trouve reprennent les accords de do, de ré et de sol dans l'ordre et dans le désordre?), il faut saluer le travail binaire de la bande à Marylène : ils sont la preuve que travailler les textes ne devrait pas exonérer qui que ce soit de s'attarder à la qualité de la musique.

Les Heureux perdus ne sont pas si perdus que ça, et on se doute bien qu'ils savent exactement où ils s'en vont.

SL

jeudi 29 mai 2008

Dangereux, l'anthropomorphisme...

Mon adorable C. et moi avons pris l'amusante habitude de nommer les choses, de leur attribuer un prénom : ainsi, le coupe-bordure, le lave-vaisselle, mes guitares, l'automobile - ils ont tous un nom. Même le petit arbuste que nous planterons bientôt et le plant de basilic qui a fièrement tenu bon à l'ombre de l'érable, l'an passé, ont l'honneur d'avoir reçu un nom de notre part. On blague avec ça, on s'amuse bien.

L'été dernier, on a fait la même chose avec deux homards. La première fois que mon adorable C. et moi mangions du homard ensemble. Avant de submerger nos convives dans l'eau bouillante, nous avons eu le temps de jouer un peu avec eux, de leur donner chacun un p'tit nom, d'imaginer leur vie avant la mort terrible qui les attendait.

Quand est venu le temps de déguster le mien, ça m'a fait tout drôle, et j'ai eu l'impression, pour paraphraser Hannibal Lecter, d'avoir [eu] un ami pour dîner. Je l'ai avalé un peu de travers.

Voilà un danger de l'anthropomorphisme. Qui sait : j'enverrai peut-être la main à mon char, le jour où je le laisserai au concessionnaire en échange d'un plus jeune...

***
Manifestement, mon adorable C. et moi ne sommes pas les seuls à avoir des manières qui frôlent la folie, aux yeux des autres. Seulement, elle et moi le faisons entre nous, pour rire. Je n'ai jamais eu l'intention d'aller présenter Woody, mon weed-eater, à mon voisin, et de nous décapsuler une bière à tous les trois. Il y en a, figurez-vous, dont la profession est d'accorder, semble-t-il, trop d'importance aux objets.

J'ai commandé hier un disque sur CD Baby, un des nombreux sites Web de vente en ligne. J'ignorais que le nom de l'entreprise avait à voir avec la manière dont on traite non pas le client mais... le disque qu'on vous envoie. Prenez une minute pour lire le courriel qu'on m'a envoyé pour confirmer que ma commande a été expédiée :

Your CD has been gently taken from our CD Baby shelves with
sterilized contamination-free gloves and placed onto a satin pillow.

A team of 50 employees inspected your CD and polished it to make sure
it was in the best possible condition before mailing.

Our packing specialist from Japan lit a candle and a hush fell over
the crowd as he put your CD into the finest gold-lined box that money
can buy.

We all had a wonderful celebration afterwards and the whole party
marched down the street to the post office where the entire town of
Portland waved "Bon Voyage!" to your package, on its way to you, in
our private CD Baby jet on this day, Wednesday, May 28th.

I hope you had a wonderful time shopping at CD Baby. We sure did.
Your picture is on our wall as "Customer of the Year." We're all
exhausted but can't wait for you to come back to CDBABY.COM!!

Thank you, thank you, thank you!

Sigh...

Sympathique, n'est-ce pas?

Tout ça pour un disque à 17 $. Si seulement le personnel de Meubl'en Vrac était aussi "cérémonieux" pour une table à 1200 $...

SL

samedi 17 mai 2008

Antiaméricains, les Canadiens?

À Doug Wortham


Un de mes sites fétiches est un forum consacré aux amateurs de lutte professionnelle - celle d'aujourd'hui mais surtout celle des beaux jours : Wrestling Classics. J'y passe quotidiennement faire mon tour. Une des beautés de Wrestling Classics, c'est la liberté qu'on a d'y démarrer des discussions sur des sujets d'intérêt général (tous ceux dont le titre s'amorce par OT (pour off topic)).

Un Américain y a démarré hier une discussion traitant de son amour des Canadiens. Rapidement, les réponses ont dévié vers le soi-disant antiaméricanisme des Canadiens. (En mars dernier, un homme me disait effectivement, lors de mon passage en terrain amish, dans le comté de Lancaster, en Pennsylvanie, être venu souvent au Québec alors qu'il travaillait pour le géant du chocolat Hershey. Il m'a avoué trouver ses voyages moins intéressants, après le 11 septembre, une fois qu'il s'est mis à sentir l'antiaméricanisme des Québécois, disait-il. Remarquez que le Québec et le Canada, ce sont deux choses, sans doute.)

Cela dit, une des réponses qu'on trouve sur cette page s'avère des plus éclairantes : celle de Richard Berger, un journaliste sportif (avec qui je n'ai jamais eu l'occasion de discuter sur le forum en question). Berger, d'origine américaine, vit au Canada depuis 1974. Je transcris ci-dessous sa réponse. C'est magnifiquement bien écrit et vraiment très lucide, à mon avis. J'espère seulement que les 5-6 lecteurs qui passent par ici (à part Doug, bien sûr) soient suffisamment à l'aise avec l'anglais écrit pour tout saisir de la vision de cet homme qui peut se targuer de bénéficier des deux visions - l'américaine et la canadienne. Bonne lecture.

SL

I can't go along with the "Canadians hate Americans" designation, although I can understand why it may sometimes seem as much. In my 32 years of living in Canada as an American, I have never ... as in not once ... been treated with anything approaching disdain, much less hatred.

What has happened in the past six or seven years is that a lot of anger has been directed at the American posture (as opposed to a blanket condemnation of those of us that were born in the U.S.A.). The ultra-aggressive use of force as anything but a last resort, both militarily and otherwise, will do that. Refusing to insist upon diplomatic resolutions with equal belligerence is all-too reminiscent of countries that fomented wars based on false pretenses in decades and centuries past.

If there is hatred for Americans by Canadians (and I'm not conceding that there is beyond some simple-minded individuals), it is misguided. But, make no mistake, there is anger. To call what the current U.S. administration has done to the world "Naziism" would be wrong. It isn't. However, it would not be unfair to characterize it as a uniquely American form of fascist behavior.

The dismantling of the Constitution, the refusal to acknowledge or even attempt to understand that there are cultures, values and viewpoints other than that which exists in a very small and tightly controlled sphere is genuinely frightening. The extreme right, which has been in control since one year after the turn of the millennium, has directly created so much destruction on a world scale in so many different ways and on so many different levels that it borders on Nihilism.

Those that hold the "my country right or wrong" canard have been in charge since '01. It is a dangerous world view; when permitted to flourish unchecked, the result is constant conflict accompanied by violence, or at least the threat thereof. Fear is a powerful tool, and in the hands of the cynical and those with an agenda, it is perilous. To attack another country based on the flimsiest of (contrived) evidence is beyond reprehensible. The rest of the world sees the Bush Gang as powerful criminals that have made the planet a much less safer place to be.

But someone from Canada or any other country that despises Americans out-of-hand aren't looking at the people, the vast majority of whom are decent and respectable. If the citizens are to be held accountable for anything, it's for not having smartened up to what they'd unleashed in 2000. Rather than owning up to the grievous error they'd made, they succumbed to Swiftboat-style tactics and allowed the poison to override their common sense in 2004.

Iraq and the world have paid an extremely heavy price for the fear-mongering the Bushes, the Cheneys and the Republican Congress (when it was in control) have deftly exploited in the guise of a "war on terrorism." It is THIS, not the American people, which Canadians and the world find so detestable.

mercredi 14 mai 2008

Flammèche : la divine permission

C'est confirmé : le Vatican nous donne le droit de croire aux extraterrestres.

Mais il faut les considérer comme des p'tits frères. Pas de ségrégation, du dialogue et hop! En route pour la messe en vaisseau spatial!

Des relations extra...conjugales avec une fille extra...ordinaire? Allez hop! On se téléporte jusqu'au confessionnal. À moins de monter à bord de la soucoupe nuptiale et de régler ça dans les règles de l'art par un mariage. Le problème, c'est de savoir où aller en voyage de noces... et comment consommer la nuit de noces... (Non mais les p'tits frères et les p'tites soeurs, z'en ont peut-être rien à battre du caressage et de l'embrassage.)

Sérieusement, une question demeure... Pourquoi le Vatican a-t-il besoin d'employer des astronomes? Pour déterminer quel chemin interstellaire le Saint-Père doit emprunter pour aller rendre des comptes au Grand Patron?

Pssttt, Monsieur Seize : si vous croisez un auto-stoppeur vert en route, donnez-lui un lift - si on peut pas s'aider entre frères...

SL


jeudi 1 mai 2008

Flammèche : une leçon de responsabilité... et de relativité

Hier soir, le 30 avril 2008, Steve Bégin est passé pour un imbécile en méritant une pénalité inutile, obtenue en réponse à un geste irresponsable, alors que son équipe revenait de l'arrière et semblait avoir trouvé une réponse à l'énigme Martin Biron. Bégin a ainsi débouté ses coéquipiers au Wachovia Centre de Philadelphie. Remarquez qu'il aurait pu faire pire et prendre en otage quelque 21 000 spectateurs au Centre Bell. Je n'ose pas imaginer le silence de consternation qui aurait inondé l'amphithéâtre après le but de Daniel Brière - celui-là même que Bob Gainey n'a pas réussi à attirer dans la Métropole, celui-là même que les spectateurs conspuent depuis le mois d'octobre à chacune de ses présences en sol montréalais.

Consolons-nous. En 1986, le défenseur recrue Steve Smith, qui jouait pour les Oilers, a sans doute fait pire. Dans le 7e match contre les Flames de Calgary, tandis que les Oilers des Gretzky, Kurri, Messier, Fuhr, Anderson et Coffey souhaitaient arracher une troisième Coupe Stanley en autant de saisons, Smith marquait dans son propre filet, causant l'élimination de son équipe. Je revois très bien l'image de la recrue, en larmes sur la patinoire. Je ne suis pas certain que le CH aurait remporté la Coupe cette année-là, s'il avait eu à affronter la grosse machine des Oilers.

L'erreur de Smith est presque aussi dramatique que celle du joueur de premier but Bill Buckner qui, aussi en 1986, laissait filer un roulant de Mookie Wilson, des Mets de New York, sous son gant, et permettait à Ray Knight de marquer le point victorieux, entraînant un septième match - que les Mets allaient remporter, ainsi que la Série mondiale.

Enfin, vous souvenez-vous de Florent Cantin? Le 31 décembre 1979, pendant le party du Nouvel An, le jeune homme de 21 ans, dans un geste d'étourderie, mettait le feu à une guirlande au centre social de Chapais. Résultat? Quarante-huit convives trouvaient la mort dans ce qui s'avère sans doute, près de 30 ans plus tard, la pire tragédie de ce village minier de l'Abitibi.

Le Canadien ne survivra peut-être pas à l'idiotie de Bégin; les milliers de spectateurs du Centre Bell et les Québécois qui voient la Coupe Stanley dans leur soupe depuis le début d'avril, oui. Même moi, qui me remets du fulgurant coup de poing que j'ai asséné à mon îlot - le pauvre - hier soir, je m'en remettrai.

SL

mardi 29 avril 2008

Flammèche : le roy est mort, vive le roy

Y en a-t-il encore qui oseront comparer Carey Price à Patrick Roy ? Roy boudait-il comme Price après un mauvais but, au point d'en donner un autre, et un autre ?

Chose certaine, celui qu'on a surnommé Jesus Price est en train de se faire crucifier par des Flyers qui n'ont pourtant pas de gros marteaux...

SL

mardi 22 avril 2008

Flammèche : Tel père tel... disque

Hé bin. Il y en a qui ont tous les talents.

Jonathan Roy le fils de Patrick, enregistrera prochainement un album hip-hop. On peut déjà le voir un peu partout sur le Net dans des poses plus (artificiellement) sexy les unes que les autres. Les petites filles - celles-là mêmes qui ont fait la fortune des concepteurs de Star Académie, et presque celle des participants (c'est que ceux-ci sont tenus de remettre 50 % de leurs bénéfices à Péladeau, monsieur Lock-Out, et ce, pendant les 5 années qui suivent leur passage à l'"école" de la vie d'artiste...) - ces petites filles-là, bref, échapperont leur taille-basse en apercevant J.O.E. Daking (rien à voir avec Joe Dassin, manifestement), bedaine à l'air sur le Net, prenant des poses dignes d'un catalogue Sears cochon pour super mamies.

Le rêve de J.O.E. Daking (J.O.E. comme la première syllabe de son prénom et "Daking" comme "the King", en rapport avec son patronyme - subtil, non ?) est, semble-t-il, de chanter avec Justin Timberlake. Re-hé bin. Il y en a qui veulent serrer la main du Dalaï Lama, d'autres qui souhaitent chanter avec un playboy qui produit de la musique en canne pour jeunes filles prépubères. À chacun ses ambitions, j'imagine. Remarquez que moi aussi, j'aimerais pouvoir demander à Justin ce que ça fait de tâter Janet Jackson.

Chose certaine, il a les contacts qu'il faut, le jeune : rien de moins que René Angélil. Évidemment, quand le père joue au golf avec l'agent de Ceuline, ça facilite le contact. Pendant ce temps, mes chums qui sont formés en musique, qui ont du talent comme quinze et qui font la promotion du jazz avec les moyens du bord, au Lac-Saint-Jean, sont encore mieux de ne pas abandonner leur emploi principal. Ne bénéficie pas du compte bancaire de Patrick et de la notoriété d'Angélil qui veut.

Quoi qu'il en soit, il faut avouer qu'il a la tête de l'emploi, le fils de l'autre. Et les antécédents aussi. Quoi de plus naturel, en effet, qu'aboutir dans l'univers du hip-hop pour un bum violent qui s'en est pris à quelqu'un qui ne souhaitait pas se battre, le mois passé? Après tout, la délinquance était bien le passage obligé de Puff Daddy et autres 50 Cents, qui ont un casier judiciaire plus épais que l'annuaire de Montréal, avant d'être adulés par les amateurs de hip-hop.

Et dire que mes amis qui jouaient du métal et du grunge se faisaient regarder de travers parce qu'ils avait les cheveux longs, alors que leur plus grave délit aura été de fumer du pot après leurs shows.

Mais il faut comprendre Jonathan. Il est mieux de se préparer un après-Remparts, parce que je suis loin d'être sûr que ses récentes frasques lui permettront d'aller plus loin que la LHJMQ.

À moins que Papa-trick ne sorte son portefeuille.

SL

vendredi 18 avril 2008

Salem

« Les sorcières ont besoin de notre sang
et les politiciens, de notre argent. »
- Lesly Daguerre -


La chasse aux sorcières est ouverte, depuis le début de la course à l'investiture des partis démocrate et républicain. Ça joue full contact, plus encore que dans la série Montréal-Boston. Je n'ose pas imaginer ce que ce sera lors des présidentielles, à l'automne.

On sait une partie des Américains écoeurés de W. Lors de mon passage à Washington, le mois passé, je suis entré dans une boutique de souvenirs, à Union Station, qui fait sans doute pas mal d'argent en vendant ces figurines de W. en mousse, que l'Américain frustré peut écraser à sa convenance. Ou ces t-shirts qui traitent W. d'idiot. Ou ces tasses à café qui affichent une photo de W. sous son jour le moins avantageux.

De son côté, Oliver Stone a décidé de frapper fort, à l'automne : son prochain film, W, ne convaincra pas Georgie d'inviter le réalisateur à son party de départ. (Parions, de toute façon, que Stone et nombre d'autres détracteurs de Bush organiseront leur propre party en l'honneur du départ du président le plus détesté de l'histoire des États-Unis.)

Cela dit, la façon dont se déroule la course à l'investiture donne parfois l'impression que les Américains veulent tellement trouver mieux que W qu'ils se sont donné le mandat de fouiller dans les poubelles des candidats. Remarquez qu'on a fait la même chose au Québec, dans les premiers mois de 2007, pendant la campagne électorale : il est apparemment devenu moins important de choisir son premier ministre ou son président pour ses idées que pour son apparence - ou que pour l'apparence de son irréprochabilité. La dernière campagne électorale québécoise a donné lieu elle-même à une chasse aux sorcières (ou aux croque-mitaines tapis dans les placards) qui a complètement pris le plancher : Untel, député de l'ADQ a insulté Unetelle dans sa jeunesse ; Untel, candidat du PLQ, a déjà consommé de la bière de racinette dans un party de joueurs d'échecs; Untel, du PQ, a commandé trois Big Macs la semaine passée alors qu'il se dit végétarien; Unetelle, candidate de Québec solidaire, a... non, elle, on s'en fout, on sait qu'elle n'est pas une menace pour les trois autres partis, de toute façon.

Et les idées, elles ? Niet. La campagne de 2007 a été épouvantablement dépourvue de tout contenu, s'est avérée un show de télé-réalité où Mario cherchait à retracer la première blonde de Jean pour lui faire avouer qu'elle avait déjà couché avec le chum d'André et, du coup, influencer le public avide de coups d'éclat dans son choix du politicien mis au ballotage par le Maître du Jeu.

Les Américains sont en train de faire la même chose. Déjà l'automne passé, avant que ça commence vraiment à chauffer, Barack Obama se faisait accuser d'antipatriotisme pour avoir refusé de porter l'épinglette à l'effigie de son pays. Plus tard, sur les ondes d'une station de radio, des animateurs qui, manifestement, savent mal compenser leur manque de contenu par le silence, ou à qui le désoeuvrement ne fait vraiment pas, ont aperçu - erreur impardonnable - Obama ne pas placer sa main sur sa poitrine pendant l'hymne national états-unien. (Je vous laisse le lien vers la transcription de l'émission, si vous êtes vous-même désoeuvré au point d'avoir la curiosité de le parcourir - pour ma part, j'ai sollicité la fonction « Rechercher » dans le texte...) Vous remarquerez, bien entendu, que la transcription se trouve sur le site de FoxNews... On sait ce que ça veut dire.

Plus récemment, un papparazzi photographiait Dick Cheney à la pêche (oui, parce qu'à la chasse, on sait qu'il est un peu maladroit...). Devinez quoi ? Certains ont cru apercevoir le reflet d'une femme nue plutôt lubrique dans les lunettes soleil de Cheney. Après vérification (!), on a constaté qu'il s'agissait plutôt du reflet de sa canne à pêche...

L'automne sera chaud, et l'été des Indiens n'aura rien à y voir.

On a arrêté de chasser les sorcières : les politiciens offrent beaucoup plus de divertissement et de sujets de conversation pour le party du Nouvel An.

Et après on se demande pourquoi ils sont brûlés...

SL