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mercredi 25 mars 2009

vendredi 13 mars 2009

Flammèche : quatuor à cordes... vocales

J'ai toujours aimé les quatuors vocaux, je ne m'en cache pas. Je suis peut-être un des rares Québécois qui aimeraient tomber un jour sur un disque de La Bande magnétique. Bon, je préférerais qu'il soit de seconde main, mais quand même. J'ai tripé sur le film racontant la vie des Comedian Harmonists, ce quintette fracturé en pleine Seconde Guerre parce que deux ou trois de ses membres étaient juifs. J'ai toujours voulu interpréter avec un band la version de Van Halen de "Happy Trails". Bref, vous comprenez que j'admire les musiciens qui savent produire des pièces a capella enrichies d'harmonies qui font que les voix font paraître tout ajout d'instrument superflu, voire nuisible. (Je ne parle pas ici des chorales des messes dominicales qui pullulent dans les paroisses : l'OSM de Kent Nagano au grand complet ne suffirait pas, la plupart du temps, à couvrir leurs fausses notes...)

Je viens de trouver, sur le blogue de Patrick Lagacé, ce petit bijou musical. Les quatre gars viennent apparemment de la Mauricie et s'appellent High Shop. Ils reprennent "Dixie" d'Harmonium. Ça fait 26 ans que je joue de la guitare; j'ai toujours interrompu mon interprétation de "Dixie" après le second couplet parce que je ne me suis jamais donné le trouble d'apprendre la suite d'accords complexe et les solos qu'ils soutiennent qui viennent ensuite.

Écoutez la toune au complet; elle en vaut vraiment la peine.

J'espère que les gars de High Shop ne sont pas d'autres musiciens talentueux qui croupissent au fond d'un rang ou qui travaillent à 8 $ de l'heure chez McDo pendant que des sans-talent-bien-plogués usurpent leur place au soleil...

SL

lundi 9 mars 2009

D'une génération à l'autre

L'héritage de ma mère m'aura servi à me faire plaisir. Je sais que c'est ce qu'elle aurait voulu.

Quand j'ai acheté ma première voiture, ma mère m'a payé ma première année d'assurances, incapable de me payer l'auto elle-même. Mes parents n'avaient pas les moyens non plus de payer mes frais de scolarité d'universitaire. Je sais que ça les a tracassés, qu'ils auraient donné de leur santé pour m'enlever ce fardeau - qui n'a pas été si lourd que ça, après tout.

Samedi, j'ai décidé de donner à ma mère la satisfaction posthume de m'avoir offert un superbe cadeau. Bien sûr, j'aurais déchiré le chèque que mon père m'a refilé les yeux humides, en échange du retour de ma mère. Mais les choses étant ce qu'elles sont, je sais que ma mère doit sourire de contentement, quelque part au-dessus du monde.

C'est grâce à ma mère que j'use des cordes de guitares depuis 26 ans. C'est maman qui m'a transmis non seulement cette passion pour la musique mais surtout ce talent musical, cette oreille musicale qui aura animé toute la famille Martel, de père en fils et filles. J'aurai eu le plaisir de voir des oncles secouer les accordéons, échiner les guitares, ébranler les pianos, faire vibrer leurs cordes vocales. Aucun n'aura joué professionnellement de la musique; ils sont/étaient beaucoup trop humbles pour se croire le droit de se produire devant un public autre que la famille.

J'aurai eu la chance inouïe de prendre connaissance jeune (à 8 ans) de ce talent; j'aurai eu la chance encore plus inouïe d'avoir une mère qui m'aura encouragé à le développer, qui m'aura payé des cours de guitare. Et qui m'aura donné la confiance qu'il faut pour attraper une guitare et la faire couiner devant des étrangers.

En janvier 1983, j'avais 8 ans. Je ne connaissais de la guitare que le manche et la rosace - et encore, je ne connaissais pas le nom des deux parties du corps de cet instrument fascinant qui recelait une puissance tranquille. Ma mère m'avait proposé, l'automne précédent, de m'inscrire à des cours de guitare, parce que de la musique, chez elle, tout n'était qu'instinctif, tout ne se faisait qu'à l'oreille. Au retour des Fêtes, le professeur de guitare avait téléphoné à ma mère pour lui apprendre que le nombre d'inscriptions était insuffisant, que cours de guitare il n'y aurait pas. Ma mère, déçue pour moi et trop consciente de la déception de son fils, avait rappelé le professeur, lui avait demandé s'il accepterait de donner des cours privés, quitte à venir chez nous. On aménagerait bien un local pour ce faire, c'était un détail.

Réjean, mon premier prof de guitare, n'avait jamais considéré l'éventualité de donner des cours privés. Il avait été séduit par l'idée. Aujourd'hui, son école de musique existe depuis près de 20 ans. J'aime croire que ma mère aura eu un rôle, ne serait-ce qu'infime, dans le développement de la mentalité d'affaires de cet homme.

Pendant trois ou quatre ans, Réjean est venu à la maison m'apprendre les rudiments de la guitare. Nombre de fois ma mère a entrouvert les portes françaises qui protégeaient mes modestes débuts pour entonner ce que Réjean m'apprenait. Rapidement, il a vu qu'il venait d'être parachuté dans une famille au sein de laquelle on gobait la musique à grandes bouffées.

À l'âge de 16 ans, j'étais le premier professeur de musique de l'école de Réjean. Ainsi, mes premières armes dans l'enseignement, c'est derrière une guitare et devant des néophytes de 5 à 60 ans que je les aurai faites, dans le sous-sol désordonné d'une grande maison qui n'était pas sans rappeler le labyrinthe dans lequel louvoie Buffalo Bill, dans Le silence des agneaux.

En janvier dernier, Réjean est passé au salon funéraire, il est venu rendre hommage à ma mère à sa façon. Trop de fois il l'avait entendue chanter, il l'avait vue assister à tous mes spectacles au Lac-Saint-Jean, il l'avait vue se présenter à chacun des concerts de l'école de musique, même si elle savait qu'elle ne verrait que des prestations de débutants ou presque. Elle s'en balançait; elle venait voir le résultat de l'enseignement de son fils. Elle venait peut-être se convaincre qu'elle avait donc été avisée de me brasser la cage, au milieu des années 1980, après que j'aie abandonné mon instrument pendant huit mois. Huit mois au terme desquels j'avais oublié des accords, des mélodies; au terme desquels mes doigts avaient oublié comment marcher.

***

Samedi, j'ai remercié ma mère pour un legs plus important encore que le goût des mots. J'ai appris des chansons et tous mes accords à la guitare avant de lire le premier livre qui allait me convaincre de choisir l'univers de la littérature.

Samedi, j'ai acheté ce qui sera peut-être la seule guitare aussi dispendieuse de toute ma vie. Ma mère aurait voulu me l'offrir, j'en suis convaincu. Pour elle, c'eût été un juste retour des choses. La Telecaster Thinline, modèle 1972, que j'ai ramenée à la maison samedi a traversé les générations. Je l'ai nommée Rosie. Toutes mes guitares portent un nom; celle-là seule est nommée d'après quelqu'un qui m'a été proche, ma mère. Celle-là seule porte un nom noble - toutes les autres sont inspirées de criminelles plus ou moins célèbres (une fantaisie de ma part).

Rosie a une touche délicate, la plus tendre qui soit. Je sais qu'elle me fera faire de petits miracles dans mon band de blues.

Et chaque fois que je la caresserai, je penserai à la main de ma mère que j'ai tenue jusqu'à moiteur, le dernier jour de sa vie. Et j'imaginerai bien ma mère qui opine du chef, qui me tient encore la main et sourit, quelque part au-dessus du monde, en observant que certaines richesses traversent les générations.


SL

mercredi 4 mars 2009

Sur la bottine

Plus ça change, plus c'est pareil.

J'ai écrit à peu près la même chose il y a un an, à la date limite des transactions de la LNH.

Pour une troisième année consécutive, le Capitaine Bob (c'est le nom d'un snack à patates frites, à Roberval, dans mon Lac-Saint-Jean natal) s'est contenté de regarder, du haut de la passerelle, les équipes aspirantes aux grands honneurs s'améliorer, tandis que lui et le Country Club du CH s'occupaient de moucher le nez grippé de Halak, de trouver une nouvelle gardienne à Sergeï K. à Hamilton, d'écrire des mots d'amour à Kovy, d'éloigner les pushers qui font la file devant le casier de Price et de planifier d'autres escarmouches entre Komisarek et Lapierre à l'entraînement, question de faire diversion pour que les journalistes cessent de faire l'éloge de Bégin le Martyr (que j'aimais bien), qu'on a sacrifié pour faire de la place à un ancien joueur des Rafales de Québec qui n'oublie pas de s'essuyer le coin de la bouche avant de parler aux médias.

Au moins, il y a deux ans, on a pu rire de Todd Simpson, qui ne fait plus grand-chose aujourd'hui après avoir lu son journal, l'avant-midi.

On va me faire croire que le Canadien n'avait pas deux choix de repêchage à donner contre Nik Antropov, un centre de 6'6'' et de 230 livres qui aurait pu brasser Philadelphie en première ronde ? Que le Capitaine Bob fait plus confiance à trois centres de moins de 6 pieds pour traverser les séries qu'à Olli Jokinen ?

Ce qui est enrageant, avec cette équipe - et surtout sa direction sans scrupule (c'est sans doute ce qui arrive quand on peut mettre sur la glace une équipe qui ne gagnerait pas la Coupe Memorial et quand même remplir l'amphithéâtre à l'année longue) -, c'est que son objectif annuel est dorénavant de participer aux séries, sans plus. Comme si cela suffisait pour qu'on dise mission accomplie.

Aujourd'hui, Boston s'est amélioré; New York aussi; Calgary aussi; Buffalo aussi. « Bob Gainey envoie un message à ses joueurs », titre RDS.ca cet après-midi. Bullshit. On va me faire croire que ceux qui veulent gagner dans cette équipe (les Komisarek, Koivu, Kostopoulos, Lapierre, et Kovalev peut-être) sont contents qu'on n'ait déniché personne en renfort ?

C'est donc dire qu'on va faire confiance à la même équipe, à peu de choses près (deux joueurs en fin de parcours) que celle qui, il y a 2 semaines encore, n'a été capable de récolter que 3 points sur une possibilité de 12 sur la route. On va confier les rênes à un groupe de joueurs qui a concédé 167 lancers dans les 4 dernières parties et qui, sans le brio de Halak, se serait fait manger tout rond la semaine passée.

Je souhaite au Canadien de ne pas traverser la première ronde contre Philadelphie. Je sais que je vais rager, le jour de l'élimination; mais j'espère que quelqu'un paiera pour les pots cassés à un moment donné.

Car là réside le plus grand problème du Canadien : la Direction du club ne souffre d'aucune imputabilité et, si Jean Charest peut s'en tirer sans se faire lapider pour ce qui arrive à la Caisse de dépôt, les Carbonneau, Gainey, Boivin et autres larrons du Septième Étage du Temple Bell réussissent depuis trois ans à garder la tête sur l'oreiller, lors du Jour J, sans craindre pour leurs fesses.

Le pire, c'est qu'il y aura quand même du monde à la Grand Messe du printemps, au 1275, rue Saint-Antoine. Ce n'est pas Oncle George Gillett (tiens-tiens, celui-là même qui a emprunté à la Caisse de dépôt pour acheter le CH...) qui a le pouvoir de taper sur les doigts de ses subalternes; c'est le public.


SL