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mardi 23 décembre 2008

Savoir qui l'on est

Ah, la crise identitaire... Ce n'est un secret pour personne : les Québécois sont en crise existentielle depuis des décennies. On en a eu encore une belle preuve il y a quelques jours.

Amir Khadir, seul député élu de Québec Solidaire aux élections du 8 décembre dernier, semble lui-même aux prises avec un problème d'identité. Le codirigeant du parti avec Françoise David participait il y a quelques jours à une manifestation anti-Bush au cours de laquelle il se permettait d'infliger à une effigie du président sortant des États-Unis une savate à faire rougir de jalousie Larry Moquin ou la famille Rougeau. (Vous me direz que Khadir n'est pas le premier à vouloir faire sentir ses fonds de semelles à Bush depuis quelque temps, mais il est sûrement la plus grosse pointure à l'avoir fait.)

Le problème, c'est que Khadir ne semble pas savoir que depuis le début du mois, on lui a confié un rôle de député. Une partie de la population l'a élu, lui a fait confiance parce qu'elle croit en ses capacités de représentant du peuple. Or, est-ce bien le rôle d'un élu en politique de lancer ses chaussures à l'endroit d'un collègue politicien, ne fût-ce qu'à un poster de ce dernier? Khadir devrait savoir que depuis le 8 décembre, il est imparti du rôle de donner de la crédibilité à un parti qui, à mes yeux, en a bien besoin. Imaginez le tollé dont on aurait été témoin dans les médias si c'eût été le mal-aimé Mario Dumont plutôt que le Robin-des-Bois de l'Assemblée nationale qui avait décidé de se déchausser devant Bush...

Amir Khadir n'est plus qu'un simple militant; il est maintenant un politicien officiel, confirmé. Il devra savoir se contrôler, se montrer plus posé - ce qui ne l'empêche absolument pas d'afficher toute la passion qui l'anime. Il y a quelques années, un enseignant du collégial - même pas un politicien, un simple enseignant - avait subi des remontrances pour avoir utilisé l'image de Jean Charest comme tapis à l'entrée de son local de cours.

Heureusement pour Khadir, les médias n'ont rien à battre de ses frasques à ce temps-ci de l'année, trop occupés à vanter les spéciaux chez Léon et à annoncer les émissions du soir du Jour de l'An.

SL

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Votre papier me gêne Monsieur Laflamme. Il est répandu un piètre savoir dans un torchon qui porte un titre inapproprié. En effet, peut-on savoir depuis quand prendre position politiquement est symptomatique d'une crise identitaire? N'est-ce pas plutôt le contraire qui l'aurait été? Même les jolies figures de style ne suffisent pas à nous faire oublier les creuses paroles. De surcroît, le ton est prétentieux: «Le problème, c'est que Khadir ne semble pas savoir que depuis le début du mois, on lui a confié un rôle de député.»

Un(e) député(e) ne doit-il(elle) pas se comporter d'abord et avant tout avec intégrité, c'est-à-dire avec le même visage qu'il(elle) a dévoilé aux citoyens et citoyennes lors de la période pré-électorale? M. Kadhir milite depuis plus de 30 ans. Cela n'est pas un secret pour personne. S'abstenir, justement, n'aurait peut-être pas été «représenter» justement l'électorat l'ayant appuyé.

L'occupation américaine en Irak et le sort de Muntadhar al-Zeid appellent indignation, au-delà des pseudo-règles de civisme nord-américaines en matière de représentation politique et de la sensibilité de ceux et celles qui n'attendent que ça en fait, planter Kadhir, QS, la gauche.

Rappelons, qu'ici, à Montréal, personne n'en crève... ,et que ce n'était qu'une image.

Un autre détail m'importune beaucoup: « à l'endroit d'un collègue politicien ». Soutenez-vous qu'il est tout à fait normal que des alliances trans-nationales s'opèrent au sein de la classe dirigeante en dépit des volontés citoyennes, au-delà du peuple donc? Bush, Castro, Tatcher, Morales... dans votre analyse, il n'y a pas de différence? Hommes d'État, femmes d'État, du pareil au même...

Non. Je ne crois pas que Khadir soit le collègue de Georges W. Bush. Savez-vous pourquoi? C'est parce qu'il ne défendent pas les mêmes IDÉES.

Homme de protocole, vous, Steve Laflamme, vous ne semblez pas les prendre en considération les idées.

Oui. Votre papier me gêne. Et vous, ce qui vous gêne avec Amir Khadir, ce sont peut-être les idées... Il est vrai que ça jure avec votre ineptie.

Steve Laflamme a dit…

Madame (ou Monsieur, difficile de départager, puisque vous vous cachez derrière l'anonymat...),

Je respecte votre opinion sur mon texte, mais ne la partage pas. Je persiste à croire qu'un(e) politicien(ne) dispose d'autres moyens pour manifester son mécontentement et ses divergences d'opinions - c'est en CELA, précisément, que Khadir est un "collègue" de Bush, comme je suis, moi, le collègue de tout autre enseignant, qu'il soit du Québec ou d'ailleurs, puisque nous partageons le même métier et la même vocation.

Je vous suggère de lire le papier qu'a écrit Richard Martineau dans "Le journal de Montréal" à ce sujet. Je suis loin d'être toujours d'accord avec le franc-tireur et loin d'endosser ce que font "Le journal de Montréal" ainsi que les autres produits de Québécor, mais cette fois-ci, je ne pouvais qu'être d'accord avec lui. Pourquoi Khadir s'en est-il pris à Bush plutôt qu'aux dirigeants corrompus des pays du Moyen-Orient ou d'Afrique?

Je respecte l'intelligence de Khadir, mais lancer des savates était, à mon avis, une erreur de jugement de sa part - de la part d'un homme qui est dorénavant politicien et non plus simple activiste populaire.


SL

Steve Laflamme a dit…

Oh et, en passant, mon désaccord avec les agissements de Khadir n'ont rien à voir avec ses idées anti-Bush. Je suis moi-même des plus heureux que le cow-boy de la Maison-Blanche lève le camp et suis prêt à m'offrir pour aller donner un coup de main aux déménageurs.

SL