Rechercher dans ce blog

jeudi 18 septembre 2008

Triste anniversaire

Il y a aujourd'hui un an, un de mes élèves s'enlevait la vie. Son père et sa soeur le trouvaient pendu à leur retour à la maison. Quelques jours plus tard, j'avais la tâche - plus lourde que je ne le croyais - d'apprendre la nouvelle à ses collègues de classe.

Un an plus tard, j'ai cessé de me demander ce qui a pu motiver cet ancien élève, dont je n'aurai connu que le nom et à qui je n'aurai jamais même eu l'occasion de parler (en quatre semaines de cours...) à passer à l'acte, à franchir la ligne. Existe-t-il un gène qui prédispose au suicide ? Certains scientifiques semblent le croire (c'est le cas du généticien Gustavo Terecki, membre du Groupe McGill d'étude sur le suicide (GMES)) Quel était le contexte social dans lequel vivait mon ancien étudiant ? Lorsqu'on s'attarde à l'article que publie Le Devoir ce matin, on prend connaissance des principaux paramètres qui mènent la génération dont faisait partie mon étudiant au bonheur. Tant de questions se sont estompées avec le dernier souffle de ce jeune homme, étudiant en sciences.

Surtout - surtout -, disposait-il de quoi que ce soit qui pût le maintenir en vie (je veux dire vivant, avec toute la part d'éveil et de curiosité que le concept comporte) ? Avait-il une passion ? Pour plusieurs, c'est l'élément qui semble faire la différence.

S'il y a une chose que j'aimerais transmettre à mes étudiants, c'est l'importance de se trouver une passion. Si on est chanceux, on en développe quelques-unes. J'ai reçu la grâce de faire partie de cette dernière catégorie. Et je ne parle pas de la passion pour quelqu'un - c'en est une beaucoup trop précaire.

Eddie Vedder, le chanteur de Pearl Jam, a trouvé le salut dans la musique. L'auteur à succès Patrick Senécal a trouvé un exutoire dans l'écriture. Pour d'autres encore, c'est le sport.

***
Tout ça me fait penser à Chantal Petitclerc, qui revient des Jeux paralympiques de Pékin avec cinq médailles. Réjean Tremblay se désole, ce matin, du fait qu'elle ne reçoive aucune récompense du gouvernement pour ses accomplissements. Parions qu'elle en a fait son deuil depuis longtemps.

Petitclerc est en fauteuil roulant depuis l'âge de 16 ans, depuis qu'une porte de grange l'a écrasée et lui a brisé le dos. Seulement, elle s'est relevée et s'est trouvé une passion.

On ne peut absolument pas simplifier la question du suicide en affirmant que la propension ou non de quelqu'un à commettre le geste n'est qu'une affaire de passion; que trouver un passe-temps correspond à la panacée.

Seulement, s'il existe un gène qui prédétermine cette propension à mettre fin à ses jours, il existe sûrement, en contrepartie, quelque effet sur la chimie du cerveau qui provienne de la satisfaction et à l'accomplissement qu'on trouve lorsqu'on s'immerge dans sa passion.

SL

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Vraiment intéressant, ce billet.

Je crois que se trouver une passion (ou des passions) revient en fait à trouver un sens DURABLE à sa vie.

Quelque chose qui restera important pour nous, qui nous suivra toute la vie, contre vents et marées, et dans lequel on pourra se réfugier quand la Vie nous fait un de ses beaux coups de salope.