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vendredi 29 février 2008

Flammèche : mérite littéraire

Il y a de ces gens qui triment dur et qui se font un nom sans trop faire de bruit. Dans la veine des fantastiqueurs québécois, Claude Bolduc a fait son chemin nouvelle après nouvelle, roman après roman, et c'est un plaisir pour moi de le féliciter aujourd'hui (vous serez peut-être 5 à lire mes félicitations à son endroit et seule mon adorable C. saura, j'imagine, de qui il est question, mais qu'à cela ne tienne...).

Bolduc vient de remporter le prix du journal Le Droit pour son plus récent roman, Là-haut sur la colline, un roman fantastique pour les jeunes.

J'ai eu l'occasion de collaborer avec Claude Bolduc en 2005, à la revue Québec français, dans le cadre d'un numéro consacré au fantastique. De tous les textes du dossier, c'est celui que Claude a écrit conjointement avec Serena Gentilhomme qui m'a plu le plus. Une merveilleuse légitimation et défense du fantastique au XXIe siècle. Nous avons gardé contact depuis, lui me disant, chaque fois que nous nous écrivons, il me semble, qu'il vient de terminer un roman, et moi de rétorquer chaque fois, il me semble, que le mien attend encore dans ma mallette...

Petit à petit, depuis ses premières armes en 1989, Bolduc s'est établi comme étant l'un des nouvellistes les plus solides dans le registre fantastique. Il est un des fantastiqueurs préférés de Jean Pettigrew, l'éditeur d'Alire - et ce, même s'il publie la plupart de ses livres aux éditions Vents d'ouest. C'est un des piliers de la « vieille garde » (malgré son jeune âge), lecteur avide des M.R. James, H.R. Wakefield et autres Britanniques de la fin du XIXe et du début du XXe qui ont fait les beaux jours de la ghost story anglo-saxonne.

Mes félicitations les plus sincères à Claude, qui mérite qu'on connaisse son apport au fantastique québécois.

SL

jeudi 28 février 2008

Flammèche : le sport national

J'en reviendrai bientôt; c'est promis.

En attendant, permettez-moi quelques contre-coups de la journée émotive de mardi, qui a vu le Canadien... ne rien acquérir d'autre qu'un choix de 2e ronde en 2009.

Permettez-moi de décerner la palme du mauvais timing au site de RDS, qui, comme on l'indique dans Le Devoir ce matin, a connu un taux de fréquentation record : 896 592 visites dont 413 673 visiteurs uniques. Je fais partie des centaines de milliers d'internautes qui ont cherché les nouvelles les plus fraîches sur rds.ca. Le hic est que c'est cette journée-là que rds.ca a « choisi » de planter : en après-midi, pratiquement impossible d'accéder au site et de prendre connaissance des transferts. Comment ne pas avoir pensé au problème possible d'achalandage? Imaginez que c'est la journée de votre mariage et que vous êtes incapable de vous présenter à l'église parce que vous avez « oublié » de louer la limousine qui devrait vous y conduire... J'ai dû fureter sur quatre sites en même temps (ceux de TSN, de Radio-Canada, de Cyberpresse et de la LNH) pour compenser les ratés du site de LA station sportive de référence (soi-disant) au Québec. Heureusement, la diffusion simultanée de l'émission spéciale qu'on annonçait depuis des semaines était, elle, une réussite; seulement, la grande soeur ontarienne (TSN) avait constamment une longueur d'avance sur sa petite soeur montréalaise... (Il faut par contre rendre à César ce qui appartient à César : RDS peut envoyer ce matin un gros chèque à Bob Hartley, qui a eu la triste primeur à propos de Hossa.)

Il faut saluer, par ailleurs, deux chroniqueurs qui réagissent à l'inertie du CH. D'un côté, Réjean Tremblay dans La Presse du 27 février. Laconique et percutant. Bang! D'un autre côté, Jean Dion dans Le Devoir de ce matin. Un pur chef-d'oeuvre de rhétorique humoristique. Je cours imprimer les deux articles pour les lire à mes étudiants de Communication dans deux heures...

Quand on dit que le hockey soulève les passions...

SL


mardi 26 février 2008

Flammèche : la parade en 2008

Après avoir vu son chandail retiré samedi dernier, Bob Gainey s'est offert une autre parade en 2008. Oh, ce ne sera pas celle de la Coupe Stanley : Marian Hossa nous a glissé des mains à 5 minutes de l'heure limite. Pas de trace d'Olli Jokinen. Pas même de Marleau, dont je n'aurais pas voulu même en retour d'une paire de bâtons.

Pour une troisième année consécutive, Gainey a regardé passer la parade. Pas même de Todd Simpson (comme en 2006); pas même de Michael Leighton (le gardien acquis en 2007 dont je n'ai jamais même vu le visage, lui qui n'a jamais joué un seul match dans l'uniforme bleu-blanc-rouge). Niet.

Tandis que les Sénateurs s'équipent pour aller à la guerre, tandis que Pittsburgh entoure Crosby et Malkin en sacrifiant des espoirs, Gainey joue les peureux.

Non seulement le CH n'acquiert-il rien cette année mais en plus, il est perdant au change : on a perdu Cristobal (contre un choix de 2009...).

Faut le faire, quand même : être au 5e rang, au plus fort de la course, et trouver le moyen d'empirer l'équipe en laissant croire aux partisans qu'on cherche un joueur d'impact.

Non, ce n'est pas sur la Sainte-Catherine que défilera la parade cette année...

SL

vendredi 22 février 2008

De moins en moins gai...

« J'ai consenti. Oui, j'ai enfreint
les lois du Deutéronome

et celles de saint Augustin.
Je fus allé aimer un homme. »
- Richard Desjardins, « Lomer » -


Les gais ont de plus en plus le dos large. D'abord, ils subissent, le 17 janvier dernier, l'affront de voir leur orientation sexuelle mise sur le même pied d'égalité que la bestialité par le candidat républicain Mike Huckabee, pasteur baptiste dont les États-Unis auront autant besoin pour leur image, le lendemain du départ de Bush, que d'aide financière en provenance du Tiers-Monde. Huckabee fait partie de cette aile d'extrême-droite sudiste qui s'oppose - on l'aurait deviné - aux mariages homosexuels. Il croit que « la Bible n'a pas été écrite pour être amendée; la Constitution, si » (voir le lien URL précédent). Pourtant, je serais curieux d'entendre ce que Huckabee aurait à dire quant à la possibilité d'ouvrir sa Constitution pour en modifier le Deuxième Amendement (lui qui fait partie de la NRA...).

Comble du ridicule, les homosexuels seraient aussi responsables des récents tremblements de terre survenus en Israël, si l'on en croit Shlomo Benizri, un élu du Shass. (Prière de bien prononcer le « l » dans le prénom de Monsieur; il n'apprécierait sans doute pas qu'on laisse planer le doute que son prénom puisse se prononcer « Chu-homo ».) « Dieu a dit qu'il agiterait le monde pour vous réveiller si vous agitez vos parties génitales là où vous n'êtes pas censés le faire », affirme Benizri, sans la moindre esquisse d'un sourire qui laisserait entendre qu'il blague. Si l'on suit le raisonnement du député israélien, la terre devrait aussi être secouée par des séismes chaque fois qu'un homme « agite ses parties génitales » le long de l'autoroute pour se soulager d'une envie pressante. (Et, oui, mea (méat?) culpa, j'ai été responsable de quelques tremblements-de-terre-qui-auraient-dû-avoir-lieu, lorsque j'étais plus jeune...) Que dire encore du nombre de fois que le Monde s'en est tiré indemne, pendant et après les spectacles de Puppetry of the Penis! Hmmm... Monsieur Benizri devrait clarifier sa théorie, s'exprimer avec plus de (cir)concision, brandir des arguments plus solides, bref s'assurer que ce qu'il met dans sa bouche peut sans danger être transmis aux autres membres de la communauté internationale.

Malheureusement, l'assertion épouvantable de Benizri n'entraînera, au mieux, que quelques murmures de protestation de la part des gais du reste de la planète. Ce ne sont certes pas des dirigeants tels Bush, Harper et encore moins Mahmoud Ahmadinejad qui exigeront des excuses de la part du député. Pourtant, s'il est un peuple qui devrait se montrer empathique, compréhensif et empreint de sollicitude à l'endroit des minorités opprimées, c'est le peuple israélien, pour des raisons que l'Histoire connaît bien.

Ce matin, l'essence est montée à 1,23 $ le litre à Montréal. Serais pas surpris qu'il y ait des gais là-dessous.

Hossa avec le Canadien? Oubliez ça; pas si les gais mettent les astres de leur bord.

Fait frette, depuis deux-trois jours, z'avez pas remarqué? La faute des homosexuels, j'vous dis. Z'ont dû agiter leurs parties génitales simultanément dans tous les tout-inclus des Antilles - y a rien que les homos pour fréquenter ces endroits-là, non? - et, lois géophysiques obligent, provoquer un front froid qui mystifie Hubert Reeves et David Suzuki.

Le pire, c'est que là où il se trouve, Benizri ne peut pas le sentir, ce refroidissement. Ne dit-on pas que les choses changeront lorsqu'il fera froid en Enfer?

SL


jeudi 21 février 2008

L'industrie du mensonge

Je ne peux faire autrement que de parler - encore - de hockey. Mon équipe a gagné 6-5 in extremis mardi soir dans ce qui a sans doute été le match le plus excitant de l'année.

Le CH se porte à merveille, la chimie au sein de l'équipe est à son comble, la frénésie pour le hockey se répand comme la gastro dans une garderie et les effluves des séries à venir embaument le Québec tout entier. Bref, ça sent bon le printemps et je le sens aussi, même enseveli sous mon banc de neige de sept pieds.

Et qui dit fin de saison dit date limite des transactions; et qui dit transactions dit rumeurs. Et à Montréal plus qu'ailleurs, le moulin à rumeurs ferait verdir de jalousie Don Quichotte.

La plus persistante amène Marian Hossa à Montréal, en échange du mal-aimé Ryder (celui que tout le monde adulait pourtant après le match de mardi soir...) et, sans doute, d'au moins un autre joueur. Ce matin, Mathias Brunet de La Presse se gaussait de détenir un scoop : Hossa est plus près de Montréal qu'on ne le croie - en effet, le CH a commandé des pièces d'équipement pour l'habiller prochainement. Arrivé au bureau à 7 h 45, j'ai aperçu la presque-nouvelle sur le site de RDS, qui reprend les informations de Brunet - celui-là même qui l'an dernier a défendu bec et ongles son scoop selon lequel Kovalev avait dénigré Montréal, Guy Carbonneau, le Canadien et peut-être même le pont Jacques-Cartier dans le micro d'une journaliste russe.

À midi, oups! Il faut chercher le texte de Brunet pour le trouver sur le site de Cyberpresse (alors qu'il était sur la page d'accueil en début d'avant-midi) et RDS a modifié sa une. Car, en effet, les gants adressés à un certain Hossa qui ont été acheminés au Centre Bell cette semaine... eh bien, ils étaient destinés à MARCEL, le frère de Marian. Marcel, faut-il le rappeler, joue pour les Rangers de New York... l'équipe dont le Canadien a triomphé 6-5 avant-hier soir.

Ouch. Comment croire que Brunet se soit fait avoir de cette façon? S'agit-il bien de MATHIAS Brunet ou de BENOIT Brunet, l'ancien joueur devenu analyste à RDS? Parce qu'on arrive mal à croire qu'un journaliste de renom et expérimenté se soit fait berner de la sorte. Même le grand Kovalev ne parvient pas à sortir un défenseur de ses culottes avec autant de facilité...

*****

Pendant ce temps, je demande aux élèves de mon cours de Communication de façonner un canular scientifique. Je leur parle de l'affaire Sokal; je discute avec eux du code secret que Michael Drosnin a soi-disant découvert dans la Bible; je considère même la possibilité de me bidonner avec eux en me moquant du Secret de Rhonda Byrne.

« Procédés pour bien mentir », ai-je écrit au tableau en début de semaine, raillant en affirmant que c'est peut-être la dernière fois que mes élèves apercevront cet intitulé dans un cours.

Facile, de bien mentir. Dites que vous êtes journaliste, que vous détenez des sources fiables tout en refusant de les identifier pour les protéger, parlez de hockey et, surtout, faites croire à quelque chose de gros, gros, gros qui va, assurément, améliorer le sort de l'équipe, parfumer le printemps des partisans et édulcorer la critique pour l'année à venir.

Un canular scientifique? Pfff. L'an prochain, j'opterai pour le canular sportif. Les sources (que je ne protégerai pas) seront beaucoup plus nombreuses...

SL

mardi 19 février 2008

Flammèche : Ridicule

Non, je ne traiterai pas ici du film de Patrice Leconte.

Il est question de celui qui ne tue pas.
De celui qui - hélas - ne rend pas muet (quoique vous verrez, ci-bas, des aveugles).
De celui qui, souvent (vous le verrez dans quelques secondes), frise.
De celui qui tourne - particulièrement, ici, sur les tables qui recevaient jadis les 33-tours.
De celui dont trop de gens se couvrent - même en été.
De celui que, malheureusement, pas assez de gens craignent.

Constatez par vous-même...

SL

lundi 18 février 2008

Flammèche : le nombril du Québec... et du monde (même le Japon)

J'aime beaucoup Montréal ; surtout depuis que j'y accompagne mon Adorable C. et qu'elle m'aide à la découvrir à pied. Seulement, Montréal a trop souvent le vilain défaut de se prendre pour le nombril du monde.

Combien de fois ai-je entendu/vu/lu des Montréalais reprocher aux gens des régions de n'être jamais sorti, de n'être jamais « venu en ville ». Sait-on seulement qu'un nombre impressionnant de Montréalais ne sont jamais sortis de leur grande île? Que pour plusieurs d'entre eux, le Lac-Saint-Jean est une mare qu'ils seraient incapables de situer sur la carte du Québec? Que l'autoroute 40 , en direction est, aboutit à un no man's land plus inconnu que la Terre du Milieu et plus inquiétant encore que le réseau souterrain de Derry, dans le Maine? (Lisez It de Stephen King; vous allez comprendre...) Plusieurs Montréalais croient peut-être trouver à l'extrémité est de la 40 la fin de l'arc-en-ciel, un coffre au trésor rempli de pépites d'or et gardé par le farfadet des céréales « Lucky Charms ». Ou, qui sait, le bout du monde- platement et brusquement -, au-delà duquel on tombe dans le vide (Galilée n'était pas de Montréal, alors on n'y a peut-être pas entendu/vu/lu sa théorie sur la forme de la terre...).

Je vais vous faire mal, Montréal; je vous préviens, ça va cogner dur : Montréal est aussi une région du Québec, elle n'est pas LE Québec.

Souvenons-nous de Christopher Hall, l'humoriste montréalais, qui a condamné Québec, au printemps 2006, parce que la Capitale a élu des députés du Parti conservateur. Souvenons-nous de la poutre que Hall n'a pas aperçue dans l'oeil de sa Métropole, elle qui a réélu Stéphane Dion, Denis Coderre et Jean Lapierre, et ce, malgré le matraquage en règle subi - à juste titre - par le Parti libéral de Paul Martin, conséquence du scandale des commandites.

Samedi soir dernier, Montréal a encore fait la démonstration de sa petitesse ou, du moins, de sa propension à se prendre pour le nombril de l'Amérique. Le Canadien accueillait les Flyers et Daniel Brière. Encore une fois, la foule du Centre Bell a hué Brière, lui rappelant du coup qu'il regrettera toute sa vie - et même au-delà - d'avoir craché sur le contrat que lui proposait Bob Gainey l'été dernier. D'avoir opté pour la Ville de l'Amour fraternel (à ce sujet, permettez-moi de sourire dans ma barbichette : les Flyers sont l'équipe qui compte le plus grand nombre de joueurs suspendus par la LNH depuis le printemps 2007 à cause de coups salauds...), au détriment de la Mecque du hockey. Même si Brière avait envie de rejoindre son chum Martin Biron et de jouer avec Simon Gagné. (Pour une fois que ce n'était pas qu'une question de gros sous...) Comme si Brière, parce qu'il est Québécois ET francophone, ne pouvait accepter de jouer ailleurs qu'à Montréal.

Hé, les Montréalais : le Canadien a battu les Flyers samedi et dimanche; il a balayé les honneurs de la série aller-retour. Et dans les deux matches, Brière a été blanchi. Montréal a vaincu Philadelphie les 4 fois que les deux équipes se sont rencontrées, cette année. En date du 18 février, Brière serait ex-aequo au deuxième rang des marqueurs de l'équipe avec Tomas Plekanec (qui est de 5 ans plus jeune que lui), derrière le grand Kovalev qui, à 34 ans, a 5 points de plus que lui. On a la preuve que Brière n'aurait pas changé la face du CH. Les deux défaites des Flyers aux mains du CH en fin de semaine font qu'ils viennent d'en perdre 7 de suite.

R'venez-en, à Montréal.

Pis enlevez la mousse de sécheuse que vous avez dans le nombril.

SL

vendredi 15 février 2008

Flammèche : « Ne tirez pas! On me PAYE pour que je vous emmerde! »

Pauvres douaniers. Voilà qu'on veut leur retirer des droits. Ils en ont déjà peu : pas le droit de sourire (ça, par contre, c'est par souci d'équité envers les voyageurs : moi aussi, j'ai l'air bête sur ma photo de passeport), pas le droit d'être affable, pas le droit d'utiliser leur gros bon sens.

Et voilà qu'on les réprimande pour avoir repéré un pédophile (voir le lien susmentionné). Remarquez que je comprends la consternation dudit amateur de ti-gars pas trop habillés : personnellement, je munis mon ordinateur d'un pare-feu justement pour ne pas que d'autres aient accès à mon disque dur. Quoique pour ma part, je n'ai rien à cacher... et que je laisse mon ordinateur à la maison quand je pars en voyage.

Les avocats du cabinet Blaney McMurtry n'apprécient apparemment pas, eux non plus, que les douaniers fouillent leur disque dur lorsqu'ils franchissent la frontière. En réaction à cette indiscrétion nécessaire, le cabinet a trouvé un moyen de s'assurer de ne rien perdre - parce que les douaniers, on s'en doute à les voir, sont plus doués avec l'intimidation, la matraque et le gant de fouille qu'avec la programmation DOS et les bogues informatiques.

Morale de cette histoire? À chacun son métier et les vaches seront bien gardées. Le job du douanier, c'est de repérer les crapules, et Sebastien Boucher n'avait qu'à être assez intelligent pour ne pas tenter de franchir la frontière avec du matériel pornographique juvénile; ou, du moins, à apprendre à gérer sa nervosité. Les avocats de Toronto n'ont pas le choix de faire traverser la frontière à leur Blackberry? Soit. Ils ont fait ce qu'ils avaient à faire, c'est-à-dire développé des mécanismes compensatoires.

Pour ma part, je devrai apprendre à me montrer moins honnête. Parce qu'à côté du matériel pornographique de Sebastien Boucher, la bouteille d'alcool que j'ai achetée « en trop » à Cuba fait bien pâle figure. Pourtant, c'est à moi que le douanier a fait passer 15 minutes à son comptoir, à 3h30 du matin, à l'aéroport de Québec. Tout ça pour quelques millilitres « de trop » - il faut lire dans « de trop » la notion litres achetés ailleurs qu'à la SAQ. Parce que c'est le gouvernement provincial qui a imposé à mon douanier de me donner le choix entre 1) lui laisser la bouteille de Menta Licor que j'ai ramenée des Antilles ou 2) lui payer une pénalité de 9,22 $.

Tout ça, à 3h30 du matin, après un vol de 4 heures, à travers des bagages trop nombreux et trop lourds, parce que j'ai empêché la SAQ de faire 9,22 $ de plus avec une bouteille de liqueur de menthe... que je ne trouverais pas, de toute façon, à la SAQ, puisque le produit que je rapporte n'y est pas vendu.

J'ai sacré, j'ai ouvert mon portefeuille et j'ai déboursé les 9,22 $ - ne serait-ce que pour ne pas que d'autres que moi fassent le party avec une bouteille que j'ai fait l'effort d'aller chercher à 3000 km de chez moi.

Et, du coup, j'ai contribué aux profits faramineux de la SAQ, une dictature plus sournoise que celle de Fidel dont le monopole lui a fait engranger 710 millions $ de profits pour l'exercice financier de 2006. « Le meilleur coup que le Diable ait réussi, dit Keyser Söze (incarné par Kevin Spacey dans Suspects de convenance), c'est de réussir à faire croire qu'il n'existait pas. »

SL


vendredi 8 février 2008

Flammèche : Tout le monde tout nu!

Le 28 janvier dernier, Cyberpresse annonçait qu'à partir de juillet prochain, le tour-opérateur allemand OssiUrlaub offrira un vol qui permettra aux naturistes de monter à bord de l'appareil dans leur plus simple appareil; d'exhiber leur engin à bord de l'engin.

Le patron d'OssiUrlaub affirme : « Dans l'ancienne RDA, le naturisme était une manière très appréciée de passer les meilleures semaines de l'année. Nous voulons désormais recréer cette possibilité au-dessus des nuages. »

Et pourquoi pas ? J'y vois déjà plusieurs avantages.

- Quand on est agoraphobe et/ou claustrophobe, me semble que tout nu, on est moins serré - particulièrement assis dans le siège du milieu du trio central des places d'un Airbus.

- Pas de danger de perdre ses bermudas à la manière d'Elvis Gratton en chantant « Alouette, je te plumerai ».

- Pour nombre de naturistes - avouons-le -, ce sera une rare occasion d'avoir l'engin en l'air.

- Si le mal de l'air fait son effet, on ne risque pas de tacher ses vêtements.

Seul hic, les naturistes n'auront le droit de se mettre à nu qu'une fois à bord. Il me semble, pourtant, qu'avant de monter, ça faciliterait tellement la tâche des douaniers...

Reste à voir si OssiUrlaub convaincra d'autres compagnies - et le reste du monde, car la dernière fois que des groupes de gens ont été invités à franchir les tourniquets nus en Allemagne, ils ont plané, oui, mais le voyage s'est avéré un peu plus long que prévu...

De toute façon, si on est pour être victime d'une attaque terroriste, aussi bien être nu - les tortionnaires verront qu'on ne porte sur soi rien qui permette de résister. Et après tout, Palladas disait « Nu je suis né, nu je mourrai », alors aussi bien le prendre au pied de la lettre. En cas d'écrasement, ça divertira ceux qui visionneront le contenu de la boîte noire.

Une bonne affaire, je vous dis. Je vois même d'ici le slogan de la compagnie :

« OSSIURLAUB : POUR VOIR LE MONDE TOUT NU ! »

SL


jeudi 7 février 2008

« C » comme dans « coincé »

Désolé, mesdames ; aujourd'hui, j'ai envie de parler de hockey.

Parce que c'est dans le vent, parce que mon équipe se porte bien, parce qu'elle est à un petit point d'Ottawa et de la tête de l'Association. Et parce qu'à ce stade-ci de l'année, on est dans la période que j'aime. Mon adorable C., belle blonde hivernale, aime février pour la neige, pour le froid; moi, je pense aux 19 jours qu'il reste avant la date limite des transactions dans la LNH.

J'aime spéculer, mais je ne connais rien à la Bourse. De toute façon, je n'ai pas d'argent. Je suppute donc toutes sortes d'échanges que le Canadien devrait/pourrait faire pour améliorer le club.

Parce qu'il ne faut pas s'illusionner : on a une bonne p'tite équipe - meilleure que l'an passé -, mais on ne prétend pas à la Coupe (la coupe aux lièvres, comme le disait Jean Perron).

Que fera Bob ? On entend parler de Marian Hossa d'Atlanta, d'Olli Jokinen de la Floride, même de Mats Sundin de Toronto - sans compter les joueurs anonymes ou presque qui parcourent la trop grande ligue et qu'on imagine aider Montréal (même si tout ce qu'ils ont à offrir est la protubérance au bout de chaque bras qu'ils sont disposés à frotter au visage d'autrui).

Que fera Bob ? J'espère, pour ma part, qu'il bouge, et plus qu'au cours des deux dernières années. Quelqu'un a revu Todd Simpson, le gros défenseur maladroit dont on a soulagé Chicago, il y a 2 ans ?

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C'est ma gardienne - une fille plutôt Tom-Boy, je l'avoue - qui m'a fait réaliser, quand j'étais ti-cul, que le « C » sur le chandail du Canadien a un certain rapport avec le nom de l'équipe. (Je sais, j'étais pas vite-vite, mais je commençais à peine à suivre l'équipe, à savoir qu'elle existait.)

Quelques années plus tard, une de mes tantes me donnait le chandail de hockey d'un de ses garçons. Très straight, le chandail : pas de logo, pas de nom dans le dos. Mais blanc avec des lignes rouges et bleues. Ma mère s'est chargée du reste...

Pendant au moins un an ou deux, je me suis pavané avec mon faux chandail du Canadien à l'école, arborant un « C » de fortune à l'avant et les lettres maladroitement dessinées de mon nom traversant mon dos d'une omoplate à l'autre. J'étais loin de savoir à l'époque que le « C » que j'affichais fièrement signifiait plutôt « coincé ».

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Je l'étais, oui, coincé : ma première blonde est apparue quand j'avais 16 ans. (Je sais, aujourd'hui, à cet âge-là, ils ont eu le temps de divorcer et de se chicaner à propos de la garde des enfants, mais bon, on parle d'une autre époque.) Coincé, Monsieur Feu ? Plutôt, oui. Mais ce n'est pas de moi que je parle. C'est de mon équipe. (Non mais vous me suivez, oui ou non ?)

Coincé, le CH. Complètement coincé. Par son rendement de cette année, certes, mais aussi (et surtout) par sa nature.

Que le Canadien siège au quatrième rang de l'Association de l'Est en date du 7 février tient de la surprise : les « experts » prédisaient le bas-milieu du peloton à l'équipe montréalaise, en début de saison. Mais les attentes viennent avec la performance. Pense-t-on seulement que les amateurs de hockey du Québec (de Montréal, en particulier) toléreront que le CH rate les séries, advenant une débâcle printanière ? Pis encore, que le CH donne l'illusion d'être bon et se fasse rosser, mettons, par Martin Brodeur et les Devils ou par Sidney et sa banquise ?

Que le Canadien soit le Canadien, qu'il joue à Montréal le condamnent à gagner, à être bon. Il est là, le problème. Que les Montréalais le veuillent ou non, Montréal est une ville de hockey, point à la ligne. Tandis que les Expos agonisaient devant 5000 désoeuvrés qui ne pognaient pas le câble et qui étaient tannés de Virginie, le CH jouait devant des salles combles au Centre Bell. Pourtant, alignement pour alignement, les Expos recelaient plus de potentiel que le CH. « Et la Formule 1 ? », me direz-vous. Ouais, je veux bien croire que le Grand Prix de Montréal est couru, mais on parle d'un événement qui se produit une fois par année. Combien de spectateurs dans les gradins sont en mesure de nommer tous les pilotes qui défilent devant leurs yeux plus vite que les 500 $ qu'ils dépensent pendant cette fin de semaine de juin ? Parce qu'il ne faut pas se raconter d'histoires : la F1 à Montréal, c'est beaucoup plus une sortie jet-set qui permet de montrer ses lunettes-soleil à 400 $ qu'une passion pour les moteurs, pour le vrombissement de bombes coûteuses ou pour l'habileté à négocier dans les épingles. Au pire, c'est peut-être un hommage à Gilles Villeneuve - mais oui, vous savez le chanteur ? Mon pays, ce n'est pas un pays...

Je me ravise : Montréal est la ville du Canadien, même pas du hockey, puisqu'elle n'a pas réussi à conserver son équipe de la LHJMQ. Et parce qu'elle vit pour le Canadien, Montréal est une maman exigeante, qui ne tolère aucun laisser-aller. Maman-Montréal, toujours aux aguets grâce à ses yeux multiples et à ses bras de pieuvre qui se font aller dans Le Journal de Montréal, dans La Presse, à TQS (quoique ça, ça achève...) et à la SRC en fin de soirée, surveille de près son CH et n'accepte aucun relâchement.

Maman-Montréal ne comprend pas le concept de parité. Maman-Montréal ne conçoit pas que, particulièrement depuis le lock-out, le hockey de la LNH a changé. Les règlements se sont resserrés, le jeu est plus excitant, il y a moins de place pour les goons (exit, les émules de Hunter Lahache), il faut avoir du talent et vu un nombre d'équipes trop élevé qui dilue le talent, il n'y a pas dudit talent pour tout le monde. Surtout que le talent ne s'achète pas et que, même s'il était à vendre, chaque équipe est tenue de respecter désormais un plafond salarial. Bref, Maman-Montréal ne comprend pas qu'il serait normal que chaque équipe passe une année dans la cave du classement, vu la parité, et que, vu qu'il y a 15 équipes dans chaque association, qu'il serait mathématiquement « normal » que le Canadien mette une quinzaine d'années à remonter en tête du classement. (Faites le calcul : il y a 15 ans exactement que le CH a remporté la Coupe pour la dernière fois.)

Le Canadien de 2008 dans tout ça ? Il est condamné à bien paraître, parce que Maman-Montréal n'a que lui à célébrer. Maman-Montréal a renié son fils qui jouait au base-ball, n'arrive pas à aimer totalement le p'tit gros qui joue au football parce qu'il se fait toujours planter par ses camarades de classe avant la fin de l'année, et ignore complètement son fiston aux influences européennes, lui qui - le traître - préfère le soccer.

En termes clairs, Bob est mieux de bouger d'ici le 26 février. Parce que Maman-Montréal va se déplacer pour voir le spectacle de fin d'année et veut pointer fiston sur scène pour dire à ses voisines : « Regardez, c'est mon fils ! ».

Le lourd fardeau du Canadien, c'est de n'avoir jamais droit à la médiocrité; une médiocrité qui a pourtant été nécessaire à d'autres équipes. Jamais les Montréalais ne se seraient montrés aussi patients que les amateurs des Nordiques, alors que Joe Sakic traînait péniblement à sa suite une bande de perdants qui récoltait difficilement 40 points par saison, en attendant d'avoir ce qu'il fallait pour gagner (ailleurs qu'à Québec, mais c'est une vieille histoire). Jamais les Montréalais n'auraient accepté de voir croupir dans les bas-fonds du classement le CH comme c'était le cas, il y a quelques années, des Penguins de Pittsburgh (C'était pas l'équipe de Mario Lemieux, ça, Janine ?) et des Sabres de Buffalo, deux équipes qui se sont servies de leurs échecs pour profiter d'un positionnement avantageux au repêchage qui allait leur permettre de rebâtir avec des jeunes. L'an dernier, les Sabres étaient presque imbattables dans l'Est; depuis l'an passé, les Penguins comptent sur une des attaques les plus menaçantes de la Ligue.

Jamais Maman-Montréal n'acceptera que son fils jonche le sol sans se relever, même si c'était pour que fiston ramasse au sol les nutriments qui lui manquent pour s'élever au rang des meilleurs. Et puisque les bons joueurs disponibles ne sont pas légion, et que le temps fait son oeuvre sur chacun, et que les quelques joueurs respectables en viennent tous un jour ou l'autre à prendre leur retraite... le Canadien est coincé. Il n'est pas assez bon pour remporter les grands honneurs et pas assez médiocre pour ravir les meilleurs espoirs au repêchage. Le CH est Coincé au milieu du peloton, Condamné à ne produire que quelques surprises occasionnelles, sans plus.

Qu'est-ce qu'on fait Bob ? Qu'en est-il de Saku, qu'on conspue sans cesse, que les enfants de Sainte-Justine aiment parce qu'il est cool (et pas beaucoup plus grand qu'eux) et parce qu'il a survécu au cancer, mais que Carbo a puni mardi soir, à juste titre, parce qu'il en a assez de voir son capitaine prendre de mauvaises pénalités ? Quelle équipe voudrait de Saku ? Et en retour de quoi ? Une douzaine de bâtons et des beignes pour tout le monde ?

Bah, au pire, on reste pris avec. Maman-Montréal pourra toujours se damner à essayer de lui apprendre le français, d'autant que maintenant, elle pourrait disposer d'un peu plus de moyens pour le faire.

SL