Il y a déjà un peu plus d'un an, je tentais l'aventure : je me trouvais une paire de mitaines de blogueur. Je me souviens d'avoir appuyé sur « Enter » puis d'avoir poussé un soupir. J'acceptais que des inconnus me connaissent un peu mieux.
Mon bilan ? C'est le fun. J'ai beaucoup moins de temps que j'en avais au départ pour écrire - les mises à jour se font moins nombreuses, plus espacées, je m'en excuse auprès de mes 2-3 lecteurs -, mais je suis surpris d'avoir encore le même intérêt d'entretenir ce blogue, un an plus tard (comme je suis toujours surpris de constater que mon adorable C. éprouve encore ce même intérêt pour moi, après tous ces mois...).
Écrire est une exigence à forte dose. J'écris un roman, j'écris un manuel scolaire, j'écris des chroniques régulières. Et pourtant, j'ai encore besoin de cet espace, de cette brèche dans le quotidien que j'ai pratiquée l'an dernier pour faire entrer la lumière d'un autre angle.
Il y a à peu près un an (le 9 novembre 2007, plus précisément), ce blogue me permettait d'émouvoir mes parents, de leur faire comprendre, 12 ans après le décès prématuré de mon oncle, par quelles réflexions j'étais passé. Le hasard m'avait permis de m'inspirer d'un fait d'actualité pour écrire le jour même de l'anniversaire de la mort de mon oncle.
Il y a quelques semaines, ma mère m'apprenait que la veuve de mon oncle, ainsi que ses deux fils, ont eu l'occasion de lire mon texte. Qu'ils en ont été émus, eux aussi. Que 13 ans plus tard, la plaie est encore sensible. Un des deux fils s'est étonné que j'aie pu connaître mon oncle à ce point. Je soupçonne que son étonnement vienne de ce que je me souvienne autant de son père. Quand on est modeste, on ne s'attend pas à ce que les autres se souviennent de vous très longtemps, particulièrement si vous n'avez laissé en héritage rien d'autre que ce que vous savez faire de mieux. Si mon oncle avait réalisé l'irréalisable, s'il avait fait quoi que ce soit de marginal pour un homme de sa condition, il aurait peut-être accepté de considérer la possibilité de sa pérennité; et encore.
Écrire, ne serait-ce que sur un site aussi ringard que celui-ci, m'aura permis de dépoussiérer la mémoire. Pour cette raison, l'aventure en vaut la peine.
Il y a des fois où écrire donne du concret, compense le non-dit, relie des points qu'on ne saurait rapprocher autrement.
Au cours de la dernière année, Internet aura aussi dépoussiéré ma famille. Ma mère a trouvé comment m'envoyer des fichiers Power Point très cliché mais qui lui permettent de me dire ce qu'elle n'oserait peut-être pas me dire de vive voix, de peur que je la trouve quétaine; j'ai inscrit mon père à son premier pool de hockey à vie, et je le vois s'amuser comme un petit fou; mon frère s'est servi du courriel pour trouver en son grand frère un confident au cours des derniers mois.
Écrire n'a pas à être long, n'a pas à être bon.
Qui sait, dans quelques années, c'est peut-être ma petite fille qui me lira et que je ferai rire, ou pleurer, ou rager. J'ose croire qu'elle m'en parlera, entre deux épisodes de son émission d'adolescente à Canal Oisif, ou entre deux pages de Filles d'aujourd'hui.
Sinon, j'espère qu'elle écrira, elle aussi. Question que jamais le bruit de ce qu'elle sent ne s'enfouisse en elle.
Et probablement que de mon côté, j'userai encore la batterie du portable pour écrire mon désarroi devant ses décisions insaisissables ou ma stupeur devant sa dernière coupe de cheveux.
J'espère qu'écrire me permettra longtemps d'assimiler le changement.
SL