« L'acte de copuler
N'aura jamais été
D'une telle noblesse
Allons jouer aux fesses »
- Rock et Belles Oreilles, « Repeuplons » -
N'aura jamais été
D'une telle noblesse
Allons jouer aux fesses »
- Rock et Belles Oreilles, « Repeuplons » -
J'ai changé d'ordinateur. Je l'attends incessamment. C'est fou, les commandes par Internet. Ça simplifie tellement la vie. J'ai changé de clavier aussi. Non mais, quant à changer le reste... Une belle pièce, toute mince, soft touch, surtout - phénomène rare pour les PC de bureau. J'ai dû fourrager dans le Net pour en trouver un... à Vancouver. Puis, surprise : le gentil monsieur de Purolator - mon réparateur Maytag à moi - a mis le doigt sur ma sonnette hier matin. Foudroyant : 36 heures à peine après avoir passé la commande. Au moment où j'écris ces lignes, mon nouvel ordinateur, lui, parcourt la route depuis North Bay, en Ontario, avec ma nouvelle imprimante laser sur le siège du passager, question de faire la jasette (ou la clavardette, j'imagine) en chemin. Fascinant, l'univers des commandes en ligne. J'achète régulièrement sur Amazon aussi. J'y trouve à peu près tout ce que je cherche. Ils sont forts, chez Amazon : livres et DVD débarquent chez moi en deux jours ouvrables, lorsqu'ils proviennent de la maison-mère, à Mississauga.
Sur eBay, c'est moins évident : il faut être patient. Mais on y trouve de tout - comme chez Jean Coutu -, même un banc de neige (ce n'est pas le mien; pas encore, du moins). Y a un gars, Mario; lui, il veut trouver des enfants. Des enfants bien québécois, en fait. Il veut bien repeupler le Québec, mais pas avec n'importe quelle cochonnerie. Il veut de la qualité. Si c'est de l'usagé qui provient d'ailleurs, il se montre plus réticent. Et comme tout ou presque vient de la Chine, de nos jours, eh bien... Mario, il veut « acheter québécois », quitte à injecter 3 milliards de plus par année pour inciter les Québécoises à procréer. (Bizarre, quand même, qu'il soit question des Québécoises mais pas des Québécois dans cette histoire. Mario se dit peut-être qu'ils n'ont pas leur mot à dire. Ou qu'ils sont les manufacturiers et qu'une fois que Madame a reçu sa commande...)
Parce que c'est bien d'une commande qu'il s'agit. La députée adéquiste Linda Lapointe invite d'ailleurs les Québécoises « à se mettre à la tâche » : « Moi, j'en ai fait quatre, mais l'idéal, c'est d'en faire au moins deux », prétend-elle. Hmmm... L'idéal, s'il y en a un, n'est sûrement pas deux : oui, avec deux on renouvelle le couple, mais sans plus. À moins que Madame ne pense, comme son chef, que Monsieur n'a rien à voir dans le contrat. À ce compte, effectivement, deux, c'est l'idéal : la mante vorace est « renouvelée » et le p'tit dernier lui permet de croire qu'elle augmente l'espèce. On peut faire dire ce qu'on veut aux chiffres, après tout.
Le hic, avec eBay, disais-je, c'est qu'il faut être patient. Parce qu'on a beau vouloir acheter, certains ne sont pas prêts à vendre. À preuve :
Ce matin encore, je ne trouve pas ce que je cherche. Parce que Mario et moi, on ne cherche pas la même chose. Lui, il veut des procréatrices, des usines à enfants. Son émule du comté de Groulx aussi, apparemment : remarquez qu'elle dit qu'elle en « a fait » quatre, comme elle fait peut-être la meilleure tarte aux pommes du comté. De là à savoir si elle les élève aussi, ses quatre ou si, comme la tarte, ils tiédissent sur le comptoir, alors là...
De mon côté, c'est drôle, l'impression que j'ai, c'est que Mario aura beau déplier tous les billets verts qu'il trouvera, il ne changera pas la mentalité de plusieurs des femmes (et des hommes, n'en déplaise à Madame) de ma génération. Des femmes (et des hommes, je le rappelle) qui ont - ça fesse de le dire comme ça, mais... - d'autres chats à fouetter que de changer des couches et endurer les DVD de Bébé Mozart à journée longue - même si lesdits DVD sont vendus à rabais sur Amazon.
Dans ma génération, on est terrorisé à l'idée d'avoir à sacrifier ses temps libres, à mettre sur « Pause » la lecture de bons livres, à reléguer à la retraite les soupers en amoureux qui ont en arrière-plan de la musique au lieu de la p'tite affaire qui chigne. On veut continuer à se lever tard la fin de semaine, à improviser les soirées sans avoir à tenir compte de la disponibilité de la gardienne. Oui, on est égoïstes, mais c'est de même. Les baby-boomers ont tout pris pour eux; nous, on aimerait garder ce qu'on a réussi à obtenir. À 33 ans, j'ai au moins une dizaine d'années de retard sur la génération de mon père.
Plus encore que l'argent qu'il faut pour rester à la maison, c'est la volonté (voire la vocation) d'élever des petits que Mario devrait magasiner. Car c'est sur la mentalité de toute ma génération et la suivante qu'il faut agir, pas sur son portefeuille - même si cette génération est bien friande de tous les gadgets que la tête de la reine Élizabeth peut acquérir (j'écris ces lignes pendant que je recharge mon lecteur .mp3 sur l'ordinateur portable qui m'a permis de commander mon clavier soft touch).
Comprenez-nous bien : on adore se pratiquer à faire des enfants; le problème, c'est qu'on sait qu'à force de nous voir pratiquer, les autres s'attendent à ce qu'on finisse par réussir. Et là, il faut s'entendre sur le sens du mot réussir. Le défi de Mario est de parvenir à enlever de la tête des jeunes (moi, mon adorable C. et plusieurs gens que je connais) qu'ils ratent forcément leur vie - ou du moins qu'ils passent à côté de la Gratification des gratifications -, s'ils ne font pas d'enfants. C'est loin d'être une tâche facile pour des gens qui, comme moi, ont des passions comme le travail, les loisirs et des amis qui font pipi dans le pot depuis au moins 25 ans pour se valoriser.
La solution, Mario? Internet, je te dis. Internet et la Chine. Parce que Mario a beau vouloir mettre un frein à l'immigration, les Québécoises qui craignent les hanches qui élargissent, qui appréhendent les seins qui font mal à en saigner et qui savent qu'après un mois elles auront envie de se faire exploser la cervelle en mottons sanguinolents qui s'entremêleront sur les murs de la cuisine à la bouffe molle de bébé - ces Québécoises-là, bref, auront encore l'occasion pendant un bon moment d'aller acheter en Chine le poupon qu'elles n'ont pas envie et/ou le courage de faire. Apparemment, Internet a quelque chose à voir là-dedans - et pas que pour la réservation des billets d'avion. À preuve :
(Cliquez sur l'image pour l'agrandir.)
SL
Sur eBay, c'est moins évident : il faut être patient. Mais on y trouve de tout - comme chez Jean Coutu -, même un banc de neige (ce n'est pas le mien; pas encore, du moins). Y a un gars, Mario; lui, il veut trouver des enfants. Des enfants bien québécois, en fait. Il veut bien repeupler le Québec, mais pas avec n'importe quelle cochonnerie. Il veut de la qualité. Si c'est de l'usagé qui provient d'ailleurs, il se montre plus réticent. Et comme tout ou presque vient de la Chine, de nos jours, eh bien... Mario, il veut « acheter québécois », quitte à injecter 3 milliards de plus par année pour inciter les Québécoises à procréer. (Bizarre, quand même, qu'il soit question des Québécoises mais pas des Québécois dans cette histoire. Mario se dit peut-être qu'ils n'ont pas leur mot à dire. Ou qu'ils sont les manufacturiers et qu'une fois que Madame a reçu sa commande...)
Parce que c'est bien d'une commande qu'il s'agit. La députée adéquiste Linda Lapointe invite d'ailleurs les Québécoises « à se mettre à la tâche » : « Moi, j'en ai fait quatre, mais l'idéal, c'est d'en faire au moins deux », prétend-elle. Hmmm... L'idéal, s'il y en a un, n'est sûrement pas deux : oui, avec deux on renouvelle le couple, mais sans plus. À moins que Madame ne pense, comme son chef, que Monsieur n'a rien à voir dans le contrat. À ce compte, effectivement, deux, c'est l'idéal : la mante vorace est « renouvelée » et le p'tit dernier lui permet de croire qu'elle augmente l'espèce. On peut faire dire ce qu'on veut aux chiffres, après tout.
Le hic, avec eBay, disais-je, c'est qu'il faut être patient. Parce qu'on a beau vouloir acheter, certains ne sont pas prêts à vendre. À preuve :
Ce matin encore, je ne trouve pas ce que je cherche. Parce que Mario et moi, on ne cherche pas la même chose. Lui, il veut des procréatrices, des usines à enfants. Son émule du comté de Groulx aussi, apparemment : remarquez qu'elle dit qu'elle en « a fait » quatre, comme elle fait peut-être la meilleure tarte aux pommes du comté. De là à savoir si elle les élève aussi, ses quatre ou si, comme la tarte, ils tiédissent sur le comptoir, alors là...
De mon côté, c'est drôle, l'impression que j'ai, c'est que Mario aura beau déplier tous les billets verts qu'il trouvera, il ne changera pas la mentalité de plusieurs des femmes (et des hommes, n'en déplaise à Madame) de ma génération. Des femmes (et des hommes, je le rappelle) qui ont - ça fesse de le dire comme ça, mais... - d'autres chats à fouetter que de changer des couches et endurer les DVD de Bébé Mozart à journée longue - même si lesdits DVD sont vendus à rabais sur Amazon.
Dans ma génération, on est terrorisé à l'idée d'avoir à sacrifier ses temps libres, à mettre sur « Pause » la lecture de bons livres, à reléguer à la retraite les soupers en amoureux qui ont en arrière-plan de la musique au lieu de la p'tite affaire qui chigne. On veut continuer à se lever tard la fin de semaine, à improviser les soirées sans avoir à tenir compte de la disponibilité de la gardienne. Oui, on est égoïstes, mais c'est de même. Les baby-boomers ont tout pris pour eux; nous, on aimerait garder ce qu'on a réussi à obtenir. À 33 ans, j'ai au moins une dizaine d'années de retard sur la génération de mon père.
Plus encore que l'argent qu'il faut pour rester à la maison, c'est la volonté (voire la vocation) d'élever des petits que Mario devrait magasiner. Car c'est sur la mentalité de toute ma génération et la suivante qu'il faut agir, pas sur son portefeuille - même si cette génération est bien friande de tous les gadgets que la tête de la reine Élizabeth peut acquérir (j'écris ces lignes pendant que je recharge mon lecteur .mp3 sur l'ordinateur portable qui m'a permis de commander mon clavier soft touch).
Comprenez-nous bien : on adore se pratiquer à faire des enfants; le problème, c'est qu'on sait qu'à force de nous voir pratiquer, les autres s'attendent à ce qu'on finisse par réussir. Et là, il faut s'entendre sur le sens du mot réussir. Le défi de Mario est de parvenir à enlever de la tête des jeunes (moi, mon adorable C. et plusieurs gens que je connais) qu'ils ratent forcément leur vie - ou du moins qu'ils passent à côté de la Gratification des gratifications -, s'ils ne font pas d'enfants. C'est loin d'être une tâche facile pour des gens qui, comme moi, ont des passions comme le travail, les loisirs et des amis qui font pipi dans le pot depuis au moins 25 ans pour se valoriser.
La solution, Mario? Internet, je te dis. Internet et la Chine. Parce que Mario a beau vouloir mettre un frein à l'immigration, les Québécoises qui craignent les hanches qui élargissent, qui appréhendent les seins qui font mal à en saigner et qui savent qu'après un mois elles auront envie de se faire exploser la cervelle en mottons sanguinolents qui s'entremêleront sur les murs de la cuisine à la bouffe molle de bébé - ces Québécoises-là, bref, auront encore l'occasion pendant un bon moment d'aller acheter en Chine le poupon qu'elles n'ont pas envie et/ou le courage de faire. Apparemment, Internet a quelque chose à voir là-dedans - et pas que pour la réservation des billets d'avion. À preuve :
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SL