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mardi 29 juillet 2008

Flammèche : Mon ivrogne bien-aimé!

" Nous cherchons tous le bonheur, mais sans savoir où,
comme les ivrognes qui cherchent leur maison,
sachant confusément qu'ils en ont une."
- Voltaire -



Internet aura permis à tout le monde, de toutes les classes, de toutes les orientations, de toutes les races et de toutes les langues, de se faire voir - et de se rassembler.

Amis picoleurs, réjouissons-nous : le buveur moderne dispose (et ce, depuis 1996! - mais où étais-je pendant tout ce temps perdu?) d'un site Web pour améliorer les conditions dans lesquelles il orchestre ses cuites, pour voter pour son pilier de bar préféré (du géant Ferré à Charles Bukowski, soyez imaginatif/ive!), pour glaner des conseils vinicoles, entre autres services.

Remarquez les articles, dans le menu de gauche : le lecteur, que ce soit en sirotant un martini ou en sifflant une grosse Molson Ex, peut lire des textes de fiction (on ignore s'ils mettent en scène des saoulons ou ont été écrits sous l'effet de l'alcool - probablement un peu les deux...); connaître l'ivrogne du mois (ça lui fera quelqu'un à qui confier ses problèmes lors de sa prochaine beuverie - qui plus est, quelqu'un qui ne l'interrompra jamais); lire le journal d'un dipsomane; avoir accès à toutes les nouvelles qui concernent l'alcool et ses effets collatéraux (au détriment, peut-être, des nouvelles d'intérêt général mais bon, on ne peut pas tout avoir et il faut savoir se centrer sur l'essentiel...); lire des poèmes de clochards; etc.

La section "Sordid Tales of a Bartender in Heat" ("Histoires sordides d'un barman dans le feu de l'action") vaut à elle seule le détour : consultez la FAQ et, surtout, les réponses!

Mon monde est réinventé.
Fini, l'ennui mortel de mes jours pluvieux d'été.
Enfin, le Bonheur auquel chacun aspire.

Longue vie (et eau-de-vie) à Modern Drunkard Magazine Online !

*hic*

SL

samedi 26 juillet 2008

À l'intérieur des remparts

Quand mon adorable C. me parlait de la portion de Québec qui est intra muros, j'ignorais de quelle section elle parlait jusqu'à ce qu'elle m'explique que l'expression désigne la partie du Vieux-Québec qui se trouve à l'intérieur des remparts. Québec, ville emmurée, ville qui se protège de l'envahisseur...

***

Le problème, lorsqu'on est minoritaire, c'est qu'on semble développer une paranoïa qui fait voir l'Autre comme un ennemi. Immanquablement. Et quand on est associé à une cause comme la souveraineté en plus, j'imagine qu'il faut profiter de toutes les occasions pour tirer à boulets rouges (ou bleus?) sur cet Autre. Question de ne pas se faire oublier. Question de montrer qu'on est là, de l'autre côté de la clôture (ou des remparts), sautillant pour qu'on s'aperçoive qu'on existe encore.

Je n'accepte toujours pas les conneries qu'ont proférées les Luc Archambault, Pierre Curzi, Pierre Falardeau et autres souverainistes paranoïaques qui ont vu dans la venue de Paul McCartney à Québec une conspiration du fédéral, ou une invasion anglaise, ou une reprise de la prise de possession des Plaines par un commandant anglais, ou un épisode de Nic et Pic en ballon, ou je ne sais quoi encore. Et je me réjouis que Pauline Marois ait eu l'intelligence de faire la part des choses et de se dissocier des affirmations frauduleuses, ridicules, gênantes et insultantes de ces Chevaliers de l'Apocalypse qui prédisaient l'extinction de la race - vous êtes sans doute convaincus comme moi que les 260 000 heureux visiteurs qui sont allés voir McCartney dimanche dernier sont repartis convertis à la langue anglaise et ne parlent plus un mot de français, non? -, et qui voyaient dans la venue de l'ex-Beatle - telle Jojo Savard dans sa fausse boule de cristal, jadis - l'annonce de la dépravation du peuple québécois.

Être Québécois, aux yeux des cosignataires de la lettre d'Archambault à McCartney, c'est sans doute fêter en famille, laisser la porte verrouillée pour ne pas qu'entrent « les étranges ». Sans doute aurait-il fallu, pour célébrer une partie du 400e de Québec, inviter un grand Français comme Johnny Hallyday, peut-être (pour 4 millions de dollars, il aurait probablement accepté qu'on change son nom pour Ti-Jean Jour d'allée ou encore Jeannot Vacances). Oui, j'aurais accepté de payer pour aller le voir essayer de se dépêtrer pour expliquer pourquoi celui qui était son roi, en 1759, préférait organiser des partys fastueux à la cour de Versailles plutôt que d'envoyer des hommes en Nouvelle-France pour aider les nôtres contre les Anglais sur les Plaines.

Peut-être aussi que les plus intelligents auraient su que Johnny/Ti-Jean n'avait rien à voir là-dedans, puisque les événements sont survenus il y a 259 ans, et qu'il n'aurait pu porter le blâme pour la négligence de Louis XV. Comme McCartney, un chantre de la paix ainsi que de l'amour bébête et naïf des années 1960, n'a rien à voir avec les tortionnaires anglais d'il y a trois siècles.

Peut-être encore aurait-il fallu fêter en famille, en sauvages, comme l'auraient voulu les souverainistes enragés, en n'invitant que des Québécois. Et de souche, s'il vous plaît : Stefie Shock, Richard Desjardins, Isabelle Boulay, Loco Locass... la même gang, bref, qu'à la Saint-Jean-Baptiste.


Justement. En quoi la fête du 400e aurait-elle eu quoi que ce soit de différent que la fête annuelle de la Saint-Jean, le même sacro-saint concert qui a lieu année après année sur les Plaines, avec les mêmes faces, les mêmes chansons et le même discours?

L'idée derrière le 400e, c'était de s'organiser pour que les yeux de la planète soient tournés vers la ville de Québec. Et Daniel Gélinas et son équipe ont mauditement bien réussi leur coup : il y a du McCartney à Québec mur à mur sur Youtube; tous les journaux en parlent encore, une semaine plus tard; une copine du Tennessee est en promenade au Québec depuis près d'un mois et me disait qu'on parlait de la venue de Sir Paul à Québec, chez nos voisins du sud. Pour une fois, Québec est plus grande que nature; pour une fois, on s'est amené ici de partout dans le monde pour participer à un événement unique. Pour une fois, on fait des jaloux.

Désolé, mais ce ne sont pas Stefie Shock ni même Richard Desjardins qui auraient attiré 260 000 convives sur les Plaines dimanche dernier. Parce que les Québécois auraient eu l'impression d'être invités à un spectacle comme ils peuvent en voir à l'année à Québec, à Montréal et partout ailleurs au Québec. Et personne du Salvador, du Canada anglais, des États-Unis ni d'Europe ne se serait pointé le bout du nez.

Oh, mais j'y suis : c'est bien ce que voulaient nos souverainistes enragés, non? Un petit party privé, juste en famille. Au pire, on invite quelques Québécois récemment immigrés ainsi que Bouchard et Taylor pour leur montrer qu'on est de bonne foi, et l'affaire est dans le sac.

On se scandalise de la venue d'un Britannique en terre francophone en en faisant un événement politique. On focalise sur ce spectacle comme si c'était le seul que la Société du 400e ait eu à offrir, sans parler du concert de Céline Dion (encore Québécoise, à ce que je sache) ni du spectacle du Cirque du Soleil (mené par un Québécois, que je sache); sans évoquer le Moulin à images de Lepage, qui fait fureur depuis plus d'un mois dans le Vieux-Port; sans évoquer le spectacle du 3 juillet qui a vu les grands de la francophonie se réunir au cours d'un même concert.

L'invasion britannique, c'est celle des années 1960 qu'ont voulu revoir les 260 000 spectateurs de dimanche dernier. Celle qui a vu les Beatles, les Rolling Stones, The Who, puis Led Zeppelin, entre autres, envahir le marché nord-américain et montrer ce que la Grande-Bretagne avait à offrir au monde en matière de musique rock. Une musique qui a bercé toute la génération des baby-boomers. C'est ça, précisément, que les Québécois qui se sont laissé guider sur les Plaines dimanche ont voulu revoir. Ils ont voulu voir une icône de la musique internationale,
« un des grands compositeurs du XXe siècle », si je puis paraphraser un de mes collègues (lui-même ardent souverainiste, tiens-tiens), qui affirmait aller voir McCartney comme il serait aller voir Igor Stravinsky.

Au lieu de nous flageller à grands coups de ceinture fléchée, si je puis paraphraser un autre collègue qui est allé voir McCartney sur les Plaines (et qui est lui aussi souverainiste, tiens-tiens...), félicitons-nous d'être parvenus à attirer les regards du monde entier sur notre ville dimanche dernier, comme Montréal l'a fait en 1967 avec son Expo universelle. Rester prostrés à l'intérieur des remparts, c'est se couper de ce qui est là, de l'autre côté des murs, pour nous alimenter. Pour nous faire voir autre chose que nos mêmes faces et que notre nombril.

***
J'aime beaucoup quand mon adorable C. m'entraîne pour une promenade intra muros dans le Vieux-Québec. Mais au bout d'un moment, j'étouffe et je veux voir ce qu'il y a au-delà.

SL



jeudi 10 juillet 2008

Vous avez dit clarté?

Pas facile, la discipline. Je n'ai rien écrit ici depuis le 24 juin. Ce ne sont pourtant pas les sujets qui manquent : le Festival d'été bat son plein et nous gave de la meilleure programmation que j'y aie vue en 10 ans; le mois de juin a été le plus merdique que j'ai vécu depuis longtemps; Québec fourmille de visiteurs et d'activités pour le 400e; Ceuline est jalouse de McCartney.

Ce qui retient toutefois mon attention, ce sont les preuves de confusion du discours que je remarque dans la LNH.

Les signatures de contrats pharamineux dans la LNH vont bon train depuis le 1er juillet, et nous révèlent que les proprios n'ont rien retenu du lock-out. Ils étaient les premiers à blâmer les joueurs et les agents, qu'ils trouvaient trop gourmands. Depuis mardi dernier, ils s'arrachent les pires pieds de céleri à grand renfort de millions.

Si jamais Michael Ryder ne parvient pas à relancer sa carrière à Boston, il pourra toujours se tourner vers la prestidigitation. Ou l'hypnose. Parce que c'est un tour de magie improbable qu'il a réalisé, et sa poudre de perlinpinpin est efficace au point qu'il a réussi à arracher 4 millions par année pour 3 ans au directeur général des Bruins - après la saison de misère qu'il vient de connaître. L'ancien bonze Harry Sinden doit suçoter des Valium depuis une semaine en voyant ce qu'a consenti le DG des Bruins à Ryder, le marqueur de 30 buts le plus inutile de la LNH.

Pendant ce temps, les Canucks de Vancouver offriraient 10 millions par année à Mats Sundin, un vétéran utile, certes, mais qui a 37 ans et n'a plus le coeur à l'ouvrage. Les richissimes Rangers de New York ont accordé, de leur côté, un contrat de 8 millions pour deux ans à Markus Naslund, un vétéran sur le déclin qui ne se souvient peut-être plus de ses meilleures années.

Pire encore, les directeurs généraux sont à couteaux tirés. Il faut éviter de convier Kevin Lowe (Edmonton) et Brian Burke (Anaheim) à un même party, tandis que le DG des Canucks a tenté de voler David Backes aux Blues de Saint-Louis - coup bas que lui a rendu le DG des Blues cette semaine en essayant de lui chiper Steve Bernier.

Bref, les administrateurs n'ont rien retenu de l'impasse d'il y a 3 ans; leurs bonnes intentions se sont dissipées et on devine que leur solidarité n'était qu'apparente.

***
À plus petite échelle, certains syndiqués de la ville de Québec croient lancer un message clair à Régis Labeaume en causant du vandalisme sur sa propriété. Remarquez qu'ils ont peut-être compris qu'ils doivent faire chier celui à qui ils ont affaire au lieu de prendre en otage la population, comme le font toujours les grévistes. Je veux dire, vandalisme pour vandalisme, j'aime autant le dégonflage des pneus de l'auto du maire que le sectionnement de câbles des syndiqués de Vidéo-étron qui, en 2002, croyaient qu'ils allaient se rallier la majorité en l'accablant de ses manigances. (À ce sujet, je salue le courage et l'intelligence des journalistes syndiqués du Journal de Québec qui, d'avril 2007 à la semaine dernière, ont trouvé un moyen ingénieux de protester contre PKP et son empire... et de se rallier la population.)

La limpidité dans le message qu'on veut envoyer ne semble donc pas donnée à tout le monde.

C'est toutefois le maire Labeaume qui remporte la palme du manque de clarté. Sa déclaration, ce matin, à la suite de l'acte de vandalisme dont il a été victime, est savoureuse : « Ça ne m'atteint pas. Ça a peut-être même l'effet contraire. »


Jean Perron et Jean Chrétien, véritables archétypes de la pirouette langagière disgracieuse, doivent déclamer Michèle Lalonde ce matin :
« Nous savons que nous ne sommes pas seuls. »

SL